14 décembre 2017
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08:05
LA BD:
C'est quoi : LES DAMNES DE LA COMMUNE
C'est de qui ? R. Meyssan
La Couv':
Déjà lu chez nous? Non
C’est édité chez qui ? Delcourt
Une planche:
Ca donne Quoi ? Dire que Raphaël Meyssan est acharné est probablement un euphémisme ! Le jour où il découvre que l’un des anciens habitants de son immeuble fut communard à Paris à la fin du XIX° siècle, il se lance dans une enquête de longue haleine sur l’homme – un dénommé Lavalette- et l’époque.
Découvrant au fil de ses recherches (6 ans quand même !) un nombre incalculable de gravures d’époque, il a l’idée saugrenue de raconter l’histoire du communard à la façon d’une bande dessinée composée uniquement des dites-gravures.
Le résultat est évidement atypique, hautement conceptuel, et s’étend sur 144 pages…et encore ce n’est que le premier tome.
Si l’album est bien pensé, avec des informations pertinentes, sans être didactique pour un sou, notamment grâce à une narration graphique inventive, j’ai trouvé l’exercice de style peut être un peu long pour vraiment emporter l’adhésion, et ne serait probablement pas de la suite, cela étant que cela ne vous empêche surtout pas de tenter l’aventure d’une BD à nulle autre pareille, qui pioche aussi bien dans le témoignage historique pointu, dans le roman graphique, dans le manuel scolaire inventif voire dans le roman photo.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? L’HOMME QUI RIT
C'est de Qui ? X. Bussato
La couv'
Déjà entendu sur B.O BD? Jamais (mais on y reviendra !)
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Vous savez, parce qu’on l’a abordé à plusieurs reprises, que si le cinéma muet, du moins jusqu‘à une certaine époque, n’avait pas de musique dédiée, les films étaient parfois accompagnés par un pianiste directement dans la salle lors de la diffusion.
Quelques auteurs contemporains se sont essayés à l’écriture à posteriori mais peu peuvent prétendre avoir tenté l’expérience de l’accompagnement en direct.
C’est un peu la spécialité du pianiste français Xavier Bussato, improvisateur doué, versé dans pas mal de styles et capable de faire aussi bien dans le tragi-comique (il a mis en musique le Roméo et Juliette burlesque de Lubitsch) mais aussi le film de cape et épée, la comédie pure ou encore le drame d’inspiration littéraire comme cette adaptation d’Hugo par Paul Léni.
Piochant allègrement et avec inventivité dans le grand répertoire classique, empruntant à tel ou tel illustre prédécesseur (on parle des grands compositeurs n’est ce pas, de Schubert à Satie en passant par Messiaen), il ne semble jamais à court d’idées et, s’il respecte les codes de la musique illustrative extensive du cinéma muet, il n’hésite pas à panacher ses mélodies d’idées parfois fort contemporaines.
Deux exercices de style de haut vol donc pour notre couple BD et B.O du jour !
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Une Chronique de Fab
13 décembre 2017
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16:32
LA BD:
C'est quoi : CHEVALIER ARDENT. INTÉGRALE.
C'est de qui ? F. Craenhals
Une Couv':
Déjà lu chez nous? Non
Une planche:
Ca donne Quoi ? Pour pallier au manque dû au rythme des réimpressions certes constant mais assez aléatoire et fluctuant de la merveille Prince Valiant par Fantagraphics (il semblerait d’ailleurs que le tome 16 soit repoussé à l’an prochain selon les sources ?), je me suis penché depuis quelques mois sur son petit cousin franco-belge, Chevalier Ardent.
Série à l’inspiration arthurienne évidente, imaginée par le belge François Craenhals, Chevalier Ardent est née dans les pages du journal Tintin au milieu des années 60 avant d’être publiée en albums.
Le héros, comme celui d’Hal Foster est un jeune et fougueux chevalier aux cheveux bruns, épris de justice et bien droit dans ses chausses qui va devoir faire un parcours initiatique pour prouver sa valeur.
Si les trames scénaristiques sont souvent un plus complexes que celles de Prince Valiant –en même temps les modes de publication étaient assez différents pour justifier les partis pris respectifs-, coté réalité historique on a tout autant de sacrés surprises parfois, mais sans pour autant que cela n’entache le plaisir de lecture.
Les premiers albums sont peut être un brin poussifs, servant d’introduction à certains protagonistes, mais rapidement, les intrigues deviennent plus intéressantes, voire assez inattendues. Mention spéciales par exemple tomes 6 et 7, Le Secret du Roi Arthus et Le Trésor du Mage ; le premier présentant une histoire de double certes un peu tiré par les cheveux mais riche en rebondissement, et le second un périple haut en couleur pour notre héros.
Le style graphique du belge, dans la tradition de la ligne claire de ses illustres prédécesseurs, n’atteint pas, à mon goût, la maestria de Foster mais se défend fort bien, surtout après plus de 4 décennies, on restera peut être un peu dubitatif devant certains délires psychédéliques mais rappelons que la série est parue durant la seconde moitié des années 70.
Parions que les aventures du Chevalier Ardent plairont aux garçons d’aujourd’hui, enfin ceux pas encore abrutis aux jeux vidéo, aux consoles next-gen et autres écrans mobiles.
L’ensemble des albums (une vingtaine) a été ré-édité en intégrale et je viens d’en terminer la seconde, ce qui me fait encore un peu de matériau en attendant le retour du Prince !
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE.
C'est de Qui ? M. Rozsa
La couv'
Déjà entendu sur B.O BD? Oui
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Dans une année déjà chargée (pas moins de 5 B.O) et malgré un délai des plus réduits (8 semaines et des brouettes) Miklos Rozsa, tout juste auréolé de son fort bon travail sur Ivanhoé, l’année précédente, évite de ressortir ses vieilles ficelles et écrit un score complexe destiné à un orchestre au grand complet.
Après un générique en mode mineur sur 5 notes, sous forme de fanfare où cuivres et percussions s’en donnent à cœur joie, le compositeur propose des thèmes dédiés aux personnages principaux, très marqués et de beaux passages pour les scènes d’action et de bataille.
De la grande musique de films de chevaliers à l’ancienne pour une série qui ne méritait pas moins.
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Une Chronique de Fab
3 décembre 2017
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09:40
LA BD:
C'est quoi : LA BELLE ET LA BETE
C'est de qui ? Trif
La Couv':
Déjà rencontré par ici? Oui
C’est édité chez qui ? Tabou
Une planche:
Ca donne Quoi ? Si je ne vous ferai pas l’affront de vous redonner le pitch de départ du conte antédiluvien, il faut tout de même préciser deux ou trois petites choses quant à cette nouvelle version.
Comme pour hélas tant d’autres de ses pairs, La Belle et la Bête a hérité des icones que le grand écran lui a imposé lors de ses diverses adaptations ; celles de Disney en tête.
Pourtant, comme nous avions pu l’apprécier lors d’un précédent cycle thématique, l’italien Triff préfère partir du matériau de base et le refaçonner à sa façon.
Ici foin de papa à sauver où de courtoisie mal placée, la bête n’a pas le look de peluche de Jean Marais, Mirabelle est une jeune villageoise toute simple qui rêve de partir à la ville.
Hélas lorsque le destin lui permet de réaliser son souhait, elle se retrouve assaillie par des brigands, son oncle assassiné et la pauvrette à deux doigts de passer à la casserole.
L’intervention in-extremis d’un curieux personnage la sauve de ce sort peu enviable, mais le mystérieux individu s’enfuit. Nue comme au jour de sa naissance (état dans lequel elle va passer une bonne moitié de l’album), Mirabelle le suit et atterrit dans un imposant château.
Je vous laisse découvrir la suite, assez sombre tout comme doivent l’être les contes, sachez juste que nous ne sommes pas ici dans de la BD où les rebondissements ne doivent être que des prétextes pour enchainer des scènes de sexe ; de ce point de vue là l’adaptation de Triff reste même assez sage, penchant vers l’érotisme sensuel plutôt que le X gratuit, tout comme son graphisme semi réaliste réussi.
Tout comme pour son Blanche Neige, gageons néanmoins que l’auteur nous garde quelques surprise pour la suite !
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? MARGUERITE DE LA NUIT
C'est de Qui ? R. Cloërec
La couv'
Déjà entendu sur B.O BD? Oui
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? A la grande époque du cinéma français où l’on savait faire de beaux films, Claude Autant Lara dirigeait Montand et Michèle Morgan dans cette adaptation d’un roman de Mac Orlan, variation du mythe de Faust.
La B.O est signée René Cloërec, fidèle collaborateur du réalisateur (18 longs en 23 ans), qui compose la une musique aux influences classiques marquées (formation qu’a suivie l’auteur) et aux qualités narratives indéniables.
Si l’on zappera une ou deux pistes raccord avec l’époque du film (le début des années 20) et donc complètement anachronique avec le récit de la BD, le reste de la B.O oscille entre le tragique poignant et le suspense mélodique évolutif qui sont tout à fait de mise ici.
Vous noterez je l’espère qu’à chaque fois que l’on vous propose de la BD érotique on lui accole de sacrées B.O…après tout, y a pas de raisons de ne pas prolonger le plaisir n’est ce pas !
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Une Chronique de Fab
28 novembre 2017
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07:27
LA BD:
C'est quoi : IL S’APPELAIT PTIROU
C'est de qui ? Sente & Verron.
La Couv':
Déjà croisés sur B.O BD? Oui pour Sente.
C’est édité chez qui ? Dupuis.
Une planche:
Ca donne Quoi ? Spirou aurait été inspiré à Rob Vel à l’époque où il travaillait sur un paquebot ; un jeune mousse roux aurait perdu la vie lors d’une traversée et le futur dessinateur se serait souvenu de ce tragique événement lorsque Dupuis lui demanda de créer un nouveau personnage.
C’est ce que nous raconte ce généreux album, qui fleure bon l’aventure d’antan, avec une bonne dose de suspense.
Ptirou, jeune trapéziste dont la mère vient de mourir embarque clandestinement à bord du paquebot « Ile de France »afin de rejoindre l’Amérique. Rapidement découvert il a l’opportunité d’intégrer l’équipe de bord dans un contexte social difficile puisque la direction est en passe de licencier des employés.
Entre tentative de sabordage, mission en avion hautement risquée et découverte de l’amour, notre jeune héros en verra des vertes et des pas mures dans une histoire qui se termine hélas tragiquement.
L’icône de la BD Franco-Belge passe à nouveau entre les mains d’un duo d’auteurs réunis pour l’occasion.
Au scénario Yves Sente, habitué aux « reprises » de taille puisque le bonhomme s’est déjà frotté à Blake et Mortimer, Thorgal ou encore XIII. Il s’est emparé de l’anecdote lue dans l’ouvrage La Véritable histoire de Spirou et en a fait un récit où il mêle réalité (le monde des années 20) et fiction avec force clins d’œil (outre les références à la mythologie Spirou, l'histoire est racontée par l'Oncle Paul, on pensera forcément au Titanic, on notera les caméos de Clarke Gable ou Gabin…).
De son coté Verron lui aussi a déjà eu l’occasion de se frotter à du lourd coté reprises puisqu’il a assuré du Boule et Bill pendant des lustres. Son trait est dans la droite lignée du style graphique de Marcinelle, ce qui a motivé Sente a faire appel à lui, et l’album plaira aussi bien, par son atmosphère surannée bon enfant, aux amateurs de la première heure qu’aux nouveaux venus via une narration dynamique et cinématographique bien pensée.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? HELL BELOW ZERO
C'est de Qui ? C. Parker
La couv'
Déjà entendu sur le site? Probablement une fois ou deux oui.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Entre deux partitions pour la scène, Clifton Parker, compositeur de musique classique par ailleurs, ne rechignait pas à bosser pour le grand écran, ce qui lui permettait, outre une liberté due à plus de moyens, de se frotter à des genres qu’il n’abordait pas par ailleurs.
C’est le cas avec ce Hell Below Zero qui voit Alan Ladd escorter une jeune femme à la recherche de son père, marin disparu en Antarctique.
De l’aventure romantique du début des années 50 pas très réussie pour laquelle Parker écrit néanmoins une musique où les thématiques naviguent entre l’émotion et l’action et où les instruments d’un orchestre réduit – cuivres, cordes, percussions- rivalisent de virtuosité (un peu forcée parfois) pour évoquer l’héroïsme du scénario.
Un accompagnement musical à l’ancienne qui se marie plutôt bien avec ce Spirou très à part !
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Une Chronique de Fab
26 novembre 2017
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15:31
LA BD:
C'est quoi : THE HAUNT OF FEAR 2
C'est de qui ? Divers
La Couv':
Déjà croisés sur B.O BD? Possible
C’est édité chez qui ? Akiléos
Une planche:
Ca donne Quoi ? La fin de l'année sera placée sous le signe de la peur chez Akiléos puisque outre une intégrale en plusieurs tomes de l'excellente série Courtney Crumrin, l'éditeur propose le second volet de la réédition de The Haunt Of Fear.
Troisième titre du tiercé gagnant de chez EC Comics avec Tales from The crypt et The Vault of Horror, The Haunt of Fear est constitué de récits courts d'épouvante à chutes dans la lignée des Creepy et autre Eery. Nous retrouvons ici 24 histoires publiées à l'époque (1951-1952) dans les numéros 8 à 14 de la série.
Les styles graphiques ont une constante de noirs et blancs expressifs et détaillés, certains se démarquent néanmoins du lot par la précision du trait (Jack Kamen) ou des encrages plus prononcés (Davis).
Comme dans les anthologies citées plus haut on retrouve une variété dans les sujets et si la majeure partie des histoires a pour cadre l'Amérique du début du siècle dernier, ce second tome nous fait également voyager des confins de l'Egypte à l'Espagne en passant par une île déserte ou encore la toundra russe.
Un voyage dans le temps et le frisson dont se délecteront les amateurs du genre dans une édition soignée qui pourra remplacer élégament les décorations de noël!
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? THE PREMATURE BURIAL
C'est de Qui ? R. Stein
La couv'
Déjà entendu chez nous? Souvent.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Si aujourd’hui les multiples adaptations des nouvelles et romans de E . A. Poe qu’a commis Roger Corman ne sont pas toutes passées à la postérité, et pour cause, The Premature Burial (où un jeune assistant réal du nom de F.F Coppola faisait ses premières armes), troisième de la liste, fait partie des plutôt réussis.
Ronald Stein, le compositeur maison de la prod’, responsable de centaines de partitions dans des genres aussi éloignés que l’aventure romantico-exotique et l’épouvante gore, habitué aux budgets plus que serrés, ne fait pourtant pas dans le cheap sur The Premature Burial, usant de formules certes classiques mais ayant clairement fait leurs preuves.
Stein fait sonner un orchestre pourtant restreint comme s’il avait sous la main la totale philarmonique ; les cuivres ont certes la part belle mais le reste des instruments, les cordes en tête, n’est pas en reste et les thèmes jouent clairement la carte du macabre sans pour autant tomber dans le grotesque.
Une harmonie BD et B.O juste parfaite sur ce coup là !
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Une Chronique de Fab