3 mai 2019
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07:50
LA BD:
C'est quoi ? LA PETITE BEDETHEQUE DES SAVOIRS. HOMO SAPIENS
C'est de qui ? Balzeau & Bailly
La Couv':
Déjà lus sur B.O BD? non
C’est édité chez qui ? Le Lombard
Une planche:
Ca donne Quoi ? Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien ! Je pourrais faire mienne la dernière citation de Socrate alors que je referme ce 27° tome de la Petite Bedethèque des Savoirs, version Que Sais-je –en BD- du Lombard.
En effet, dans cet ouvrage de vulgarisation qui retrace la naissance et l’évolution de l’Homme, Antoine Balzeau – spécialiste de l’homme préhistorique – démonte peu ou prou la plupart des croyances que l’on pensait acquises sur nos ancêtres, voire sur l’évolution en général.
Qu’il s’agisse du fait que les morphologies ou les caractéristiques se soient modifiées en fonction du lieu de vie ou d’habitat, du rôle de la femme dans les sociétés primitives ou encore de la taille des dents en fonction de ce que l’homme préhistorique mangeait, le chercheur au CNRS infirme pas mal de lieux communs, expliquant notamment que les données récoltées jusqu’ici ne permettent que rarement d’affirmer de telles certitudes.
Mais ce n’est pas plus mal, ça chamboule un peu nos certitudes et confirme que l’on put apprendre à tout âge.
Coté dessin, c’est le trait rond cartoony et coloré de Pierre Bailly –dont mon cadet adore la série Petit Poilu- qui illustre le propos, apportant un décalage intéressant à un texte scientifique mais pas rébarbatif, loin de là.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :RHAPSODY IN BLUE
C'est de qui ? Gershwin
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Pour une première œuvre on peut dire que Gershwin a frappé fort, on peut quasiment parler de « Coup d’essai-Coup de maître » tant Rhapsody in Blue marquera son temps et la musique en général.
Si souvent considérée comme une œuvre classique, l’apport du jazz dans son écriture est manifeste.
Le compositeur baignait alors dans les deux genres et, suite à une commande, écrit cette pièce en respectant sa forme de base – un seul mouvement, un instrument prédominant- mais en appliquant des éléments inattendus : solos à la limite de l’improvisation, jeu de va et vient constant entre le piano en liberté et l’orchestre plus posé et grandiose, phrases cinématiques à loisirs, etc…
On l’a vu encore il y a peu, musique classique et BD peuvent faire fort bon ménage (comme c’est le cas au cinéma), et l’on peut à nouveau l’apprécier sur ce tome de la Petite Bedethèque des Savoirs, où l’évolution de l’homme est abordée avec autant de brio et de malice que la musique par Gershwin dans Rhapsody in Blue !
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Une Chronique de Fab
24 avril 2019
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09:01
LA BD:
C'est quoi ? HYPNOS. LA DISCIPLE.
C'est de qui ? Galandon & Futaki
La Couv':
Déjà croisés sur le site? Non.
C’est édité chez qui ? Le Lombard
Une planche:
Ca donne Quoi ? Grace à ses dons d’hypnotiseuse débutante, Camille a été embauchée –plus ou moins volontairement- par les forces de police de Paris, ce qui lui a permis d’assurer des soins à sa petite fille tuberculeuse.
En ce début des années 20, alors qu’en Russie la révolution soviétique bat son plein, ses dirigeants aimeraient bien qu’elle se développe au reste de l’Europe, ce que les autorités françaises ne voient pas d’un très bon œil, surtout au vu des méthodes radicales des soviets.
Notre héroïne va devoir infiltrer un groupe de syndicalistes menés par un agitateur séditieux, parallèlement, au contact d’un ancien médium paraplégique, elle va apprendre à développer ses capacités d’hypnoses.
Mais sa mission va s’avérer bien plus dangereuse que prévue et pleine de surprises !
Un second volet qui s’est fait attendre mais ne déçoit pas le lecteur, avec une intrigue riche et au suspense serré, le tout avec un changement assez notable dans le style graphique, moins anguleux et plus fluide. Si l’on regrettera que beaucoup des protagonistes masculins se ressemblent trop (mais pourquoi tous les hommes sont bruns dans cette série ?!), on appréciera ce mélange des genres bien ficelé.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : VIOLIN CONCERTO
C'est de qui ? P. Glass
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? A une époque où le concerto semblait voué à n’être qu’un vestige du passé, Phillip Glass lui redonne un coup de fouet salutaire via cette œuvre pour violon et orchestre aux accents quasi mystiques.
Les familiers du style minimaliste du compositeur découvriront avec un certain émerveillement (n’ayons pas peur des mots !) la façon dont il adapte ses motifs habituels et son phrasé si particulier à un ensemble plus large, avec fioritures aériennes voire lyriques en veux-tu en voilà.
L’œuvre est clairement plus proche de ce que Glass a écrit pour le cinéma, avec des mélodies créatrices d’ambiances, des thèmes distincts, le tout sans que le violon ne soit trop mis en avant, la virtuosité passagère de l’instrument soliste étant clairement mis au service du reste de l’orchestre.
Ce Concerto n’est pas sans faire penser sur certains passages à la B.O de l’Illusioniste, signée par Glass, et son atmosphère entêtante pleine de suspense, éléments qui sont fort présents dans ce second volet d’Hypnos.
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Une Chronique de Fab
21 avril 2019
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14:42
LA BD:
C'est quoi ? UN DESTIN DE TROUVEUR
C'est de qui ? Gess
La Couv':
Ca donne Quoi ? Très tôt, Emile a décidé de mettre son « talent » au service de la justice. Il faut dire que pouvoir localiser quelqu’un en jetant un caillou sur une carte, dans une enquête policière, ça aide bien (et ça attire la jalousie des collègues aussi parfois !)
Emile est avec Léonie, qui fait partie du clan de Mama Bruleur et possède elle aussi un talent, avec qui il a eu une petite fille.
Le jour où la femme et la fille de l’une des têtes de la Pieuvre – une organisation de malfaiteurs- disparaissent, c’est la famille du Trouveur qui est enlevée et gardée en otage afin de forcer notre héros à utiliser son don.
Mais dans le domaine du crime, rien ne se passe comme prévu, et rapidement Emile se retrouve au sein d’un drame rocambolesque !
Un peu plus de deux ans après le déjà excellent La Malédiction de Gustave Babel, Gess nous propose un nouveau Conte de la Pieuvre dont le héros est cette fois ci un héros plus fréquentable que le tueur à gages du premier avec qui il partage néanmoins un rapport difficile avec l’Hypnotiseur, personnage important de la série s’il en est.
On l’a vu un peu plus tôt dans le mois, une bonne uchronie est celle qui sait modifier juste ce qu’il faut la réalité pour paraître le plus crédible possible ; Joli tour de force de Gess qui, une fois encore, parvient à proposer un récit empreint de fantastique sans pour autant qu’il en devienne science fictionnesque. Ses protagonistes dotés de pouvoirs – les talents- sont tellement bien écrits et ancrés dans un background réaliste, qu’à aucun moment le récit n’est gâché par une impression de surréalisme comme ça peut être le cas dans la BD de super héros par exemple.
Les Contes de la Pieuvre c’est une peu Peaky Blinders revu sauce E.A . Poe, ou Les Brigades du Tigre version Lovecraft; ce second opus, qui est un des meilleurs albums que j’ai lu depuis le début de cette année, avec son scénario feuilletonesque à souhaits, ses rebondissements à foison, sa description détaillée d’un univers riche, et, last but not least, son graphisme toujours aussi atypique et moins rough qu'aux héroïques débuts, enfonce le clou et fait espérer que le succès public sera au rendez-vous afin que l’on ait encore droit à un nouveau « Conte » dans le futur !
LA MUSIQUE:
C'est quoi : FLOOD
C'est de qui ? J. Pook
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Pas sur.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Au milieu de sa carrière cinématographique, Stanley Kubrick décide de ne plus utiliser de scores originaux pour ses réalisations, leur préférant une illustration musicale par des œuvres déjà existantes (on en retrouvait déjà les prémisses dans Lolita ou Docteur Folamour).
Tout cinéphile digne de ce nom a par exemple en tête la scène au début de 2001 avec sa valse d’astronefs sur le Beau Danube Bleu de Strauss ou la Sarabande de Handel en ouverture de Barry Lyndon.
Pour ce qui sera son testament cinéphilique, œuvre mésestimée à mon sens, il réitère le procédé mais demande à la compositrice et violoniste Jocelyn Pook, d’écrire quelques morceaux, essentiellement pour cordes, dont les apparitions dans le film en rendent les scènes quasi indélébilement ancrées dans l’œil, l’oreille et l’esprit de l’auditoire.
La plus marquante est probablement Masqued Ball avec ses parties de voix jouées à l’envers, ressemblant à des incantations impies. L’ensemble des pistes de Pook repose sur des plages sonores atmosphériques dans les basses sur lesquelles les instruments solistes se démarquent d’autant. On n’est jamais très loin du travail de Badalamenti pour david Lynch.
L’ambiance générale qui se dégage de Flood (où sont reprises les pièces écrites pour le long de Kubrick) ici est une mélancolie étrange à la tension tenace et lourde, un mélange des plus adéquat pour le Destin de Trouveur de Gess.
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Une Chronique de Fab
4 avril 2019
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12:58
LA BD:
C'est quoi ? SABRE
C'est de qui ? E. Feres
La Couv':
Déjà lu sur le site? Non
C’est édité chez qui ? Dargaud
Une planche:
Ca donne Quoi ? Au quaternaire, alors que les grandes glaciations reviennent sur Terre, une tigresse à dent de sabre met au monde un étrange bébé, de couleur pâle aux longues pattes et au sourire béât. Ne serait ce pour ses deux longues quenottes qui dépassent, on se demanderait même si c’est le sien.
Pas forcément bien accepté par le reste de la portée, notre créature va néanmoins réussir à s’en sortir, en étant toujours des bons coups, qu’il s’agisse de tétée, de chasse ou ne serait-ce que de survie au jour le jour.
Si ce résumé, j’en conviens, peut laisser à penser que Sabre s’adresse à un jeune public : il n’en n’est rien (enfin, pas que, en tout cas). Eric Feres, dont c’est le premier album, réalise là un double exercice de style assez brillant (quoique pas dénué de quelques rares longueurs), réussissant le pari de proposer sur plus de 250 pages une histoire animalière réussie, à la narration fluide, malgré l’absence de textes, qu’il enrichit en plus de passages science fictionnesques.
Sabre, d’un point de vue fond et forme, c’est un peu Le Vilain Petit Canard revu et corrigé par Jens Harder, l’auteur des conceptuels Alpha/Beta et Gilgamesh. Un documentaire historico animalier aux paysages pleins de bruits et de fureur dans lequel se serait glissé un cousin du lapin de Sacré Graal (Monty Python).
Un album hors norme que l’on pourra ranger entre la série Love de Brrémeaud et Bertolucci et le Gon de Tanaka.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :PRELUDE A L’APRES MIDI D’UN FAUNE
C'est de qui ? De Bussy
La Couv':
Déjà entendu dans le coin? Une poignée de fois oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Il est amusant de noter que si ce Prélude est aujourd’hui une pièce très connue, figurant sur maintes compils commerciales, à l’époque où il l’a écrite, alors agé d’une trentaine d’années, Debussy n’a que faire des goûts de la critique (qui ne sera d’ailleurs pas tendre avec l’œuvre) ou du public.
Comme Mallarmé, auteur du texte ayant inspiré ce prélude, il cultive l’ « art pour l’art » et voit dans le poème l’occasion de bousculer un peu les codes du genre en privilégiant un ensemble réduit, axé sur les bois (le faune étant souvent associé à la flute de Pan dans l’imagerie populaire).
Après un début plutôt serein, la pièce prend rapidement de l’ampleur, au niveau du rythme comme de l’instrumentation, les cors se chargeant des ambiances plus enlevées.
Si peut être parfois un peu « sage » pour certains passages de Sabre, le Prélude à l’après-midi d’un faune se révèle néanmoins un compagnon musical de premier ordre !
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Une Chronique de Fab
3 avril 2019
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07:35
LA BD:
C'est quoi ? AU CŒUR DES TERRES ENSORCELÉES
C'est de qui ? M. Surducan
La Couv':
Ca donne Quoi ? Un vieux roi aveugle, exaspéré qu’un oiseau merveilleux dérobe les pommes d’or de son arbre magique, envoie ses trois fils capturer le volatile.
Le plus pur d’entre eux va, au fil de rencontres plus étranges les unes que les autres (un homme qui se change en loup, un roi féru d’inventions volantes, une belle jeune femme,…) réussir là où ses frères, avides de pouvoir et corrompus, ont échoué.
Au travers d’un mélange de féérie directement héritée de l’univers des contes (Maria Surducan a compilé trois légendes de l’Est pour écrire son scénario), et de steampunk, Au Cœur des terres ensorcelées prend également une dimension écologique avec un passage sur la modernisation au dépend de la nature.
Le style graphique de l’artiste, qui emprunte aussi bien à l’illustration qu’à la BD jeunesse, enrichi de décors hachurés façon carte à gratter (que nous n’avions rencontré qu’en noir et blanc chez nous mais qui rendent tout aussi bien en couleur !) finit de faire de cet album au format atypique une lecture aussi agréable qu’originale.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : SHEHERAZADE
C'est de qui ? A. Hossein
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Une fois ou deux probablement.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Après une poignée de B.O pour les films de son fiston, André Hossein a l’occasion de se replonger dans ses origines musicales avec cette adaptation des Mille et Une Nuit internationale à gros budget.
Le compositeur, qui a déjà derrière lui un solide bagage classique qu’il emploie sur des thèmes romantiques puissants, dignes des superproductions hollywoodiennes de l’époque, où les cordes virevoltent sur des cymbales endiablées.
Il marie à son orchestre des instruments typiques qui apportent la couleur exotique comme la flute, le tar (instrument à cordes perse dont il était passé maître) ou encore les clochettes.
Une B.O de haut vol dont le mélange grand spectacle et ambiance orientale est tout à fait de circonstance avec le très bel album de Maria Surducan.
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Une Chronique de Fab