Ca donne Quoi ? Alex et Alice sont deux bourgeois parisiens, cadres désabusés qui, suite à un accident mortel dont ils sont fortuitement à l’origine, vont entamer une spirale destructrice à base de tromperie, adultère, autodestruction et meurtre.
Voilà, en substance, le pitch de cet album très noir signé Cadène et Sécheresse qui analyse cliniquement la désagrégation d’un couple qui a toutes les cartes en main pour être heureux mais se complait dans une morgue extrême et un déni des valeurs de la société, pour se sentir exister.
Si l’exercice de style est intéressant par moment il est, à mon goût, trop désespéré et manque d’un petit quelque chose qui ferait que le lecteur pourrait y trouver matière à réflexion plus poussée.
Le trait de Sécheresse, toujours aussi délié qu'il peut être torturé, est ici souvent fulgurant, fort bien mis en couleurs, et traduit par ses lignes lâchées et chaotiques, toute la folie du propos.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :YOU WERE NEVER REALLY HERE
C'est de qui ? J. Greenwood
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Autre œuvre noire et particulière, le thriller You were never really here part lui aussi d’un scénar lambda mais souffre d’un traitement jusqu’au boutiste.
A l’image de la B.O, signée par le génial guitariste de Radiohead qui retrouve là à la fois la flamboyance de There will be blood et l’expérimentalisme de Body Song.
Partition hallucinée passant d’un formalisme noir glaçant à des expériences sonores à cheval entre sérialisme et improvisation, l’ensemble, malgré une diversité déroutante, fait preuve d’une unité rare et diablement prenante.
Grennwood torture ses instruments, tape dans les mains, désaccorde sa guitare, soigne sa post prod, lèche ses arrangements et propose au final une musique aussi barrée et déprimante que le film qu’elle illustre.
Un bel effort d’un artiste toujours passionnant qui a apporté une belle dimension à La Guerre.
Ca donne Quoi ? Alors que le national socialisme, le parti d’Hitler, se nourrit assidument du sentiment de défaite et de la situation économique catastrophique de l’Allemagne du début des années 30, Xavier de Hautecloque, reporter de terrain et de conviction y réalise plusieurs enquêtes et reportage, tentant assez vainement d’alerter une France pacifiste sur les risques imminents.
Las, nul n’est prophète en son pays, son acharnement et sa quête vont surtout hélas lui attirer les foudres de la gestapo qui, en 1935, va l’éliminer en l’empoisonnant.
Des témoignages du journaliste Thomas Cadène a tiré un scénario de BD qui se lit comme un récit d’espionnage où hélas les faits ne sont que trop vrais.
Les passages sur les camps de concentration notamment font froid dans le dos quand on sait ce qu’ils deviendront quelques années après.
Christophe Gaultier a opté pour un trait plus précis, plus proche d'une certaine Ligne Claire, sans pour autant se départir de ce qui fait l’originalité de son style, dans des tons d’ocre et de brun pour mettre en image cet album aussi poignant qu’haletant.
A une époque où les extrémismes de tout bord sont terriblement d’actualité, La Tragédie Brune est un ouvrage d’utilité publique qui aurait tout à fait sa place dans les programmes d’Histoire tant les faits d’hier sont pleins d’enseignement.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :CORNERED
C'est de qui ?Roy Webb
La Couv':
Déjà entendu sur le site? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Réalisé juste après la guerre et exacerbant le sentiment patriotique et antifasciste ce film de vengeance américain lorgne bien plus sur le Film Noir que sur le film de guerre à proprement parler.
C’est en partie grâce au travail de Roy Webb, habitué au genre et, surtout, à s’adapter à n’importe quel scénario ou presque. Rappelons que le bonhomme a assuré avec brio le score de Murder My Sweet l’année précédente, déjà réalisé par Dmytryk, dont il reprend ici quelques ficelles attendues : cuivres menaçants, thèmes simples sans être simplistes et sentiment de fatalité écrasante…
La B.O de Cornered, plus accessible que le film lui-même un rien plombé par ses multiples retournements, est un contrepoint parfait au suspense dramatique sous-jacent de La Tragédie Brune.
Ca donne Quoi ? Au tout début des années 90, quand j’étais ado et que je jouais de la gratte électrique dans des combos aussi éphémères que voués à l’échec, nous avions une blague récurrente sur les compos à jouer en concert : on s’interdisait de compter de 1 à 4 en intro vu que c’était comme ça que débutaient TOUTES les chansons des Ramones, groupe de punk que nous considérions comme l’exemple à ne pas suivre.
Soyons honnêtes, si la bande à Joey et Dee Dee est un mythe du genre (chose amusante, depuis ma lecture de l’album j’ai croisé au moins 3 t shirts à l’effigie du groupe sur des personnes qui ne les ont probablement jamais écouté !), la médiocrité du niveau du jeu de ses différents musiciens n’avait d’égal que l’énergie qui débordait des disques et concerts du combo new yorkais.
Raconté par leur bassiste et principal compositeur (hum !), Dee Dee Ramone (né Douglas Colvin), junkie notoire à l’enfance difficile, l’album du trio Cadène, Bétaucourt et Cartier ne cherche à aucun moment à rendre les Ramones glamour ou à en faire un grand groupe, s’attachant plutôt à montrer les failles des différents membres du combo, leurs faiblesses, leurs rivalités et autres embrouilles.
Le dessin en noir et blanc réaliste de Cartier est très bon, et immerge totalement le lecteur dans les années Ramones évoquées via un soucis du détail qui fait plaisir à lire, j'ai d'ailleurs été plus convaincu par cet album que par son boulot précédent.
Alternant les flashbacks de façon chronologique et ce qui aurait du être le concert sud américain de la réunion, 1234 Ramones est un bel hommage documenté de cette époque bénie, on y croise d’ailleurs quelques figures marquantes de Iggy à Sid Vicious en passant par les Clash et même une apparition éclair clin d’œil de William Burroughs.
Allez, 1,2,3,4…
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? RAMONES
C'est de Qui ? Euh…
La couv'
Déjà croisé sur B.O BD? Non.
On peut écouter? Certes.
Ca donne Quoi ? Pas évident de choisir quelque chose de probant sur la bio d’un groupe de rock (même du calibre de nos Ramones), on la joue donc facile en choisissant le premier album du combo.
Si vous ne connaissez pas vous vous apercevrez rapidement qu’absolument tout les morceaux se ressemblent sensiblement, la faute à un rythmique binaire on ne peut plus basique et à une connaissance d’accords restreintes au possible.
On ne vous tiendra d’ailleurs pas rigueur d’arrêter la galette avant la fin de votre lecture.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)