Ca donne Quoi ? Troisième et dernier tome des oeuvres du trop peu connu transalpin Buzzelli, où sont réunies divers illustrations et dessins réalisés entre autre pour une revue subversive des années 70 en Italie.
On y retrouve tout le génie cynique et sexy des histoires des précédents tomes, via des personnages plus grands que natures, des tranches de vies dignes d’un Fellini époque Satyricon ou d’un Pasolini goguenard.
Brocardant la société italienne de l’époque à grands coup de caricatures appuyées, n’épargnant personne du petit bourgeois à l’intellectuel, du monsieur tout le monde aux retraités, tous passent sous le crayon ravageur du maestro.
Foin d’histoires ici, si ce n’est deux très courtes, mais une conclusion intéressante du panorama de l’œuvre de Buzzelli que les esthètes apprécieront.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : LE TRIO INFERNAL
C'est de qui ? E. Morricone
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Souvent oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Pour un premier film Francis Girod frappe fort avec cette comédie noire où Piccoli incarne un avocat véreux qui forme avec deux sœurs allemandes (dont Romy Schneider excusez du peu) un trio lié par la luxure et le crime.
Ennio Morricone de son côté est en pleine effervescence avec, rien que pour cette année 1974, pas moins de 16 B.O à son actif.
Délaissant les gimmicks de westerns et autres giallos qui ont fait sa renommée, il joue ici plutôt la carte de l’humour grinçant en détournant de façon quelque peu grandiloquente certains de ses thèmes de films de gangsters (on pense parfois au Clan des Siciliens) qu’il panache de pistes plus romantiques classes.
Le tout est parfois déroutant passant d’une ambiance à une autre, souvent aux antipodes, mais porte la marque du talent de son auteur et est aussi jouissif et décalé que les Buzzeliades de ce troisième tome édité par les Cahiers Dessinés.
Ca donne Quoi ? Le second tome des histoires courtes de Guido Buzzelli, artiste peu connu et pourtant majeur de la bande dessinées italienne, prouve l'étendue de son talent artistique et de conteur déjà apprécié sur le précédent volume.
Tout au long de ces dix récits, tantôt visionnaires, tantôt grinçants, naviguant entre les genres avec une préférence pour l'anticipation cynique, on découvre une galerie de personnages souvent glauques, antipathiques, cruels, laissés pour compte.
Qu'il parle de révolte sociale, de la société du spectacle, de prostitution ou encore de frustration (physique, morale, sexuelle...) Buzzelli conjugue l'euphorie des anthologies à la Creepy et le talent de certains de ses pairs, le Micheluzzi, Pratt, Manara...
En poursuivant ces rééditions , fort soignées en plus, Les Cahiers Dessinés oeuvrent à la préservation d'un certain patrimoine de la BD
LA MUSIQUE:
C'est quoi :THE HOUSE BY THE CEMETERY
C'est de qui ?W. Rizatti
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Vous allez dire que je suis maso vu comme je ne supporte pas les sonorités des années 80 et pourtant semble m'entêter à en utiliser comme B.O de BD.
Et il faut reconnaître que Walter Rizatti, dans le sillon des scores de son prédécesseur sur les giallo de Fulci, s'est contenté d'utiliser un piano, des percussions, un synthétiseur et une basse et guitare électriques. Cette dernière saturée au possible, produit des sonorités aussi étranges qu'originales bien que parfois un peu trop appuyées et répétitives.
Ajoutez à cela des pistes où le synthé est employé comme si c'était une orgue d'église, façon gothique lourd, et vous avez une musique aussi kitsch que stressante (au bon sens du terme cela dit) qui ajoute à l'atmosphère déjà bien barrée des histoires de ce second volume des œuvres de Buzzelli.
Ca donne Quoi ? Pour moi Buzzelli c’est une véritable Madeleine de Proust.
En effet, mes premiers souvenirs du trait de l’artiste italien remontent à ma tendre enfance quand, vers mes cinq ans je dévorais l’anthologie L’Histoire du Far-West en BD, édité par Larousse, que m’achetait mon père et où se bousculaient les grands noms de la bande dessinée transalpine.
Puis quelques années après sur Nevada Hill où là encore j’étais émerveillé par le réalisme saisissant de son dessin.
Je l’ai ensuite perdu de vue jusqu’à il y a une paire d’années quand je suis tombé sur un Tex hors série où il revenait aux cow-boys avec toujours autant de réussite.
Mais Buzzelli, ce n’est pas que l’Ouest Américain, loin de là !
Les éditions des Cahiers Dessinés rendent hommage au maestro injustement méconnu en publiant sous la forme de gros volumes soignés, l’intégrale de son œuvre.
Les quatre histoires réunies dans ce premier volet, nous permettent enfin d’apprécier à sa juste valeur tout le talent de Buzzelli. Dans des récits d’anticipation comme Le Labyrinthe et son univers post-apocalyptique, ou Zil Zelub et ses manipulations génétiques surréalistes, l’ombre du fascisme (que l’auteur a subi de plein fouet) plane sans cesse, tout comme des réflexions sur l’homme, la société et le libre arbitre.
Dans les deux suivants sont tout aussi décalés, Buzzelli n’hésites pas à se mettre en scène, en profitant pour évoquer la religion, le péché ou encore l’inspiration dans des mises en abymes réjouissantes.
L’ensemble confirme que l’artiste n’avait pas son pareil pour marier avec autant de réussite le fond et la forme.
Dans un noir et blanc aussi expressif qu’inspiré (certaines compositions de planches, celles évoquant les cauchemars par exemple, sont magistrales), Buzzelli, qui pourtant comme nous l’apprend une préface extensive, considérait la BD comme un gagne pain, lui préférant la peinture – ce qui était également le cas d’autres grands artistes du medium, Hal Foster en tête- prouve son aisance et son inventivité de raconteur d’histoires.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? WHERE IS EVERYBODY
C'est de Qui ? B. Herrmann
La couv'
Déjà entendu chez nous? Oui souvent.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Avant d’être le collaborateur attitré d’Alfred Hitchcock et l’un des compositeurs les plus talentueux de sa génération, Bernard Herrmann avait été à bonne école avec la série d’anthologie Twilight Zone.
Chargé, avec d’autres appelés également à briller ensuite, Jerry Goldsmith par exemple, de mettre en musique certains épisodes des premières saisons, Herrmann profitera de la grande liberté laissée par la production pour expérimenter certains aspects de son écriture qui deviendront ensuite sa marque de fabrique.
L’utilisation de peu d’instruments solistes, parfois opposés à un ensemble plus conséquent, les montées de cordes en écho, les tensions sourdes crescendos, les thématiques à quelques notes… tout un attirail qui rend les « B.O » de Twilight Zone aussi efficaces que réussies même si peu écoutables en dehors de ce pour quoi elles ont été écrites.
Néanmoins, sur l’étrangeté manifeste des premières BD de Buzzelli, partageant une même ambiance d’improvisation artistique et de défrichage culturel, ces deux medias ne pouvaient que s’entendre, et c’est le cas de le dire !
Pour plus de variété, on n’hésitera évidement pas à tester d’autres scores d’épisodes un pour chacun des quatre récits proposés ici.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)