Ca donne Quoi ? De deux maux… enfant, Anton assiste à l’assassinat d’un colabo nazi dans son quartier de Haarlem aux Pays Bas. Mais quand les voisins devant qui l’homme a été criblé de balles déplacent le corps devant sa propre maison, ils provoquent la colère des troupes allemandes qui vont envoyer le garçon en prison, bruler sa demeure et exécuter ses parents.
Au fil de son existence, Anton n’aura de cesse d’essayer de comprendre le geste terrible de ses voisins, retournant sur les lieux du drame, cherchant la trace de son frère disparu, croisant des témoins ou des acteurs de cette nuit tragique.
Prenante adaptation d’un roman tiré d’une histoire vraie, L’Attentat est mené comme un film noir doublé d’une réflexion au goût doux amer sur le deuil, le destin et l’oubli. Milan Husling, dans son style graphique original, très délié, parfois si inspiré qu’il en est chaotique ; plein d’éclats de couleur, de fulgurances de traits et d’images déroutants, s’approprie un texte déjà très fort et en livre une version qui happe le lecteur, le faisant osciller entre l’horreur et la compassion jusqu’à la révélation finale qui, si elle semble libérer le personnage principal de l’histoire, donne à s’interroger sur les choix cornéliens de l’existence.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :THE TWO MRS CARROLLS
C'est de qui ?F. Waxman
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Souvent.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Après avoir mis en musique une paire de thrillers pour sir Alfred Hitchcock aux thèmes plus ou moins similaires (une variation moderne de Barbe Bleue pour faire court) il n’est pas étonnant que Franz Waxman ait été choisi pour mettre en musique ce thriller mélo où il peut faire étal de son talent.
Les influences néo romantiques du compositeur, notamment celles piochées chez les allemands du siècle précédent, sont assez évidentes dans cette partition où il les associe à des thèmes aux accents film noir pur jus, soufflant le chaud et le froid sur ses parties de cordes.
Suspense et émotion sont donc les maîtres de cérémonie d’une musique d’une autre époque assez enlevée, bien plus mémorable que le film pour lequel elle a été écrite, et qui donne à l’Attentat une dimension encore plus poignante !
Ca donne Quoi ? La vie d'Hedy Lamar, une des plus célèbre icône Hollywood, ressemble au scénario d'un film dans lequel elle aurait pu tourner, jugez plutot : jeune fille au caractère émancipée, inventrice inspirée en avance sur son temps (elle serait même à l'origine du WiFi!), elle est mariée à un riche autrichien qui la garde jalousement enfermée comme un joyau précieux (allant jusqu'à enregistrer ses conversations avec d'autres hommes!), mais réussit à tromper sa vigilance en se déguisant en femme de chambre et fuit l'Autriche.
A ces débuts rocambolesques vont succéder une gloire fulgurante due en grande partie à sa plastique impeccable plus qu'à ses talents d'actrice, une poignée de mariages malheureux et des coups d'éclats publiques qui, entre autre, feront un bel effet lors de l'effort de guerre.
Mais la Machine à rêve écrasant bien vite ses stars, Lamar fera quelques choix de carrière peu subtils qui, l'âge aidant, la précipiteront dans l'oubli.
Pour raconter cette saga, William Roy a fourni un gros travail de recherches et son scénario, loin d'être ennuyeux, rend honneur au personnage.
Au dessin on retrouve avec un immense plaisir Sylvain Dorange dont la mini série m'avait emballé et qui se fait bien trop rare à mon goût.
L'artiste varie les techniques et les colo selon les époques et le mode de narration et son trait aussi original que particulier, hors des modes, finit de faire de cette bio une vraie réussite !
LA MUSIQUE:
C'est quoi : LA COMTESSE AUX PIEDS NUS
C'est de qui ?M. Nascimbene
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? La Comtesse aux pieds nus est un film majeur, emblématique s'il en est d'une certaine période hollywoodienne, dont il dévoile l'envers du décor, un des fleurons de la cinématographie de Mankiewicz avec la magnifique Ava Gardner dans un rôle à sa mesure.
Au pupitre on retrouve l'un des grands compositeurs européens ayant fait carrière aux Etats Unis, Mario Nascimbene, qui s'illustrera notamment dans les péplums à gros budget.
Le film de Mankiewicz est son premier boulot pour le cinéma américain, c'est la qualité de ses scores en Italie qui a motivé les studios à le faire venir travailler à Hollywood.
Reconnaissant, le compositeur livre une partition mémorable où la romance et la passion transpirent de chaque thèmes. A l'instar d'autres artistes venus de la vieille Europe, Nascimbene a su cependant ménager ses origines et sa sensibilité musicales qui deviendront, comme chez un Rozsa par exemple, une marque de fabrique et qui feront reconnaître dés les premières mesures les œuvres de l'italien.
Ca donne Quoi? Si Marylin Monroe est une véritable icône encore aujourd'hui, probablement le plus pur produit qu'Hollywood ait pu créer, peu de gens savent que la vie de celle qui se prénommait autrefois Norma Jean fut un chemin de croix à l'opposé du rêve de 7° Art qu'on a pu nous vendre.
Cette bio fantasmée de l'actrice emprunte les chemins tortueux mais o combien révélateurs de la psychanalyse et l'introduction d'un côté fantastique typiquement Lynchien pour mettre en scène les différents traumas, les désillusions et autres déceptions qui jalonnèrent la carrière de Marylin Monroe.
La partie graphique n'est évidemment pas étrangère à la réussite de cet impressionnant pavé, le trait parfois lyrique, souvent torturé et toujours inspiré de Redolfi, avec ses variations et sa colo impeccables, finissent de faire d' Holy Wood une parfaite somme du fond et de la forme.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ?L’ENFER
C'est de Qui ? B. Alexiu
La couv'
Déjà entendu chez nous ? Je dirais que non.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Le 7° Art est jalonné de projets maudits, films mythiques n’ayant jamais pu voir le jour. D’Orson Welles à Hitchcock en passant par terry Gilliam, nombreux sont les réals qui ont du renoncer à leurs projets. Chez nous, Clouzot et son Enfer sont probablement l’un des plus regrettables, même si, 40 ans après l’échec du tournage, Serge Bromberg, à partir de dizaines d’heures de rushes et autres essais surréalistes, a pu proposer un documentaire/film assez parlant.
Pour illustrer son riche matériau visuel, Bromberg a fait appel à Bruno Alexiu, plus connu pour ses musiques de documentaires, et qui a voulu ici rendre hommage aux maîtres du score, que ce soient ceux avec qui Clouzot avait collaboré (Auric ou Delerue) ou ceux qui l’ont influencé (Herrmann). En privilégiant deux ensembles restreints, d’époque (pas d’effets électroniques ici), et en faisant la part belle entre l’illustration sonore et les courants musicaux des années soixante, jazz en tête, Alexiu livre un travail aussi bariolé que les images du documentaire, tentant de décrire par ses compositions autant le déséquilibre psychologique et la jalousie pathologique du héros que la beauté vénéneuse de son épouse, interprété par une autre icône féminine du cinéma, Romy Schneider, magnifiée ici par les expérimentations de Clouzot.
La B.O de Bruno Alexiu est très raccord avec la biographie fantasmée de Redolfi mais on aurait grandement aimé entendre ce que Gilbert Amy, compositeur pressenti par Clouzot, aurait proposé pour les scènes aussi travaillées que sensuelles que tourna le réal avant de devoir jeter l’éponge.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)