L’épouvante, Bernie Wrightson ça le connaît. C’est par là qu’il a débuté, dans le mythique House Of Mystery chez DC et dans les publications similaires du principal concurrent (Marvel pour ceux qui ne suivent pas au fond !). c’est dans l’épouvante encore qu’il s’est fait un nom, avec la co-création de Swamp Thing popularisé ensuite par Alan Moore, (on y reviendra) et enfin c’est là qu’il a persisté et signé via l’illustration magistrale du Frankenstein de Mary Shelley (dont nous avons d’ailleurs chroniqué la suite, parue il y a peu en VF). Consacrons donc notre cycle L’Artiste Du Mois à ce grand monsieur du comics, avec des ouvrages à l'inverse de la chronologie pour une fois, et que, sans plus attendre, le spectacle commence :
LA BD:
C'est quoi : FREAKSHOW
C'est de qui ? Jones & Wrightson
La Couv':
Déjà croisés par ici? Oui.
Une planche:
Ca donne Quoi ?Inspiré par des artistes comme Frank Frazetta, avec qui il partage une science du rendu du mouvement et de la dynamique des postures, Wrightson a notamment fait les grandes heures des anthologies Creepy et Eerie. Quelques années plus tard, il retrouve son compère de toujours, le scénariste prolixe Bruce Jones, pour une histoire comme les deux hommes en ont le secret.
Freakshow, comme son nom l’indique, parle d’un spectacle ambulant de créatures difformes, humains rejetés par la société qu’un brave homme recueille afin de leur donner une vie et, histoire de gagner de quoi manger, expose brièvement aux badauds des villes et villages qu’ils traversent. Une jeune femme croise la route de la caravane et fait un bout de route avec eux, bientôt une idylle nait entre nos deux tourtereaux et mère nature leur offre un bébé. Las, notre bon samaritain est un ex-alcoolique qui, en proie à un intense stress durant l’accouchement de sa belle, se laisse aller à la boisson. Ivre mort, il va commettre l’irréparable, et, comme dans toute bonne histoire d’horreur qui se respecte, son crime ne restera pas impuni.
Développer le concept des histoires courtes à chute, classique du genre, sur plus de 50 pages pouvait paraître risqué mais le métier de nos deux compères fait la différence. Jones, bien moins bavard qu’à l’époque des récits des anthologies citées ci-dessus, pousse son scénario dans les retranchements de l’épouvante et du tragique permettant à Wrightson de livrer une de ses œuvres les plus abouties que ce soit en matière de réalisme des décors, de précision du trait ou encore d’expressivité corporelles et faciales. Tout dans Freakshow respire le malsain et la peur, l’artiste, qui assure dessin, encrage et couleur, se surpasse littéralement et le résultat ravira tout lecteur d’horreur qui se respecte.
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LA MUSIQUE
C'est Quoi ? LA MASCHERA DEL DEMONIO
C'est de Qui ? L. Baxter
La couv'
Déjà entendu chez nous? Oui
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Le film qui fit connaître Mario Bava au grand public, à qui pas mal de réalisateurs vouent un véritable culte, est sorti aux States un après sa diffusion en Europe, dans une version édulcorée (comprendre que la censure avait fait disparaître les scènes trop explicites niveau violence) et, fait plus rare, avec une B.O différente.
En effet, le public américain étant à l’époque (mais je ne pense pas qu’il ait beaucoup évolué, loin de là) considéré comme peu enclin à l’originalité, le distributeur fait appel à Les Baxter, qui sort tout juste de la composition du House Of Usher de Corman, pour écrire un score moins alambiqué et « artistique » que celui qui accompagne le film (et que l’on doit à Nicolosi).
Baxter applique sciemment les codes du genre, à base de cordes qui n’hésitent pas à se faire stridentes, de cuivres sourds et menaçants, de percussions qui déboulent, et autres passages obligés. Une poignée de pistes plus calmes et mélancoliques atténuent un peu le sentiment général d’une B.O fort calibrée mais on ne peut plus évidente sur une lecture comme Freak Show.
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Une chronique de Fab