LA BD:
C'est quoi ? CARBONE ET SILICIUM
C'est de qui ? M. Bablet
La Couv':
C’est édité chez qui ? Ankama
Déjà lu sur le site? Oui quasiment toute sa prod.
Une planche:
Ca donne Quoi ? Un des leitmotiv des récits de SF de ces dernières décennies, au grand écran, en littérature comme en BD, c’est la prise de contrôle par les I.A de l’humanité, généralement avec perte et fracas.
Mathieu Bablet, auteur complet original et inspiré, poursuit ici sur les thématiques qui ont fait la réussite du très beau Shangri-La, à savoir, la folle course en avant de l’humanité directement vers sa perte, la peur de la différence, l’appréhension (aux deux sens du terme !) du futur… Le tout via le prisme d’un couple de robots qui, chacun à sa façon, refuse l’emprise de leurs créateurs.
Pourtant pas de révolte armée ou de rébellion sanglante ici, non, loin de là même. Une émancipation pacifique mais radicale : nos droïdes, malgré leurs apparences, sont finalement terriblement humains.
Silicium veut découvrir le monde, il parvient à tromper la surveillance des humains et s’enfuit parcourir le globe, retrouvant Carbone à intervalles plus ou moins réguliers, au fur et à mesure de leur histoire. Cette dernière trouve l’échappatoire via la connexion au réseau global, vivant des millions d’expériences et de vies au fur et à mesure de ses pérégrinations digitales.
Beaucoup d’aspects de cet album aussi hors du commun que captivant font un écho douloureux à l’évolution que nous sommes en train de vivre : surpopulation, inconscience de l’humain face à la catastrophe écologique, alternative néo-bab’ à l’uber captalisme… et si quelques dialogues sont peut-être un peu maladroits, le propos général est édifiant et réaliste.
Bablet est un artiste qui sait mettre la forme au service du fond, et inversement. Ses trouvailles graphiques, notamment pour personnifier les avatars de ses robots, l’utilisation d’images en « négatifs » et, évidemment, son trait hybride fouillé, à la fois anguleux et précis, est un vecteur idéal pour cette parabole de l’humanité et de son avenir ô combien incertain.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :DUNKIRK
C'est de qui ? H. Zimmer
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Pas mal de fois oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si vous venez depuis un moment chez B.O BD vous devez vous dire que je suis maso. En effet, alors que je considère Hans Zimmer comme l’une des pires choses qui soit arrivé à la musique de film ces dernières décennies, de loin en loin, j’écoutes (et vous propose) un de ses travaux en accompagnement musical de mes lectures.
Je n’ai pas vu Dunkirk, n’étant as un afficionado des films de guerre, mais en est entendu pas mal de bien. Je me suis donc penché sur son score, écrit par le boss de Remote Control où l’on retrouve, en plus des tics du compositeur que sont les bourdonnements de drones et autres cliquetis stressants, le procédé appelé gamme de Sheppard et qui, pour faire simple, est une superposition de suites de gammes à des hauteurs différentes, superposées en boucles infinies qui donnent une fausse impression de montée en puissance continue.
Ce n’est pas une nouveauté, loin s’en faut, puisque les Pink Floyd par exemple l’avait utilisée dans les années 70.
Couplé aux ambiances sourdes et menaçantes électroniques du reste de la B.O, ce choix se révèle payant même si un brin redondant et parfois un brin synthétique.
De par des choix faits en étroite concertation avec le réal, la partition métronomique millimétrée et omniprésente de Zimmer s’avère aussi anxiogène qu’hypnotique et si elle manque peut-être un peu de mélancolie parfois pour coller parfaitement à Carbone et Silicium elle en fait un contrepoint
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Une Chronique de Fab