Ca donne Quoi ? Troisième chronique « animalière » de cette rentrée, avec ce premier tome de Robilar. Si, hier, Sfar se frottait au Roman de Renart, ici c’est David Chauvel qui se réapproprie le Chat Botté en lui donnant un nom et en lui inventant une origine aussi drôle que décalée. Son Robilar, passé d’une vie de patachon à une dure réalité devient un félin roublard et rusé qui va faire la fortune du seul humain qui aura eu pitié de lui.
Le reste du casting est au diapason, haut en couleur et grotesque à souhait et l’intrigue, savamment dérivée de l'histoire que l'on connait, déroule dans une bonne humeur communicative.
Le tout est parfaitement croqué par un sylvain Guinebaud aussi à l’aise ici que sur la fantasy où on a plus eu l’habitude de le croiser. Ses personnages, comme sur ses albums de la série 7, sont cartoony et expressifs, ses décors sont détaillés et fort bien mis en couleurs par Lou.
Tiercé gagnant pour série réussie!
LA MUSIQUE:
C'est quoi :SMILEY
C'est de qui ? W. Alwyn
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Probablement
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? A l’écoute de cette B.O sans le film pour lequel elle a été écrite on jurerait être en présence d’un dessin animé old school, avec toutes ces mélodies légères à la flute et à la clarinette, ces envolées de cordes cristalines et autres percussions métalliques.
Mettre en musique cette comédie familiale a du être une récréation bienvenue pour Alwyn, adepte de sérialisme et de dissonance à la carrière classique des plus prolifique et à la filmographie variée (mais aucun dessin animé à son actif par contre).
Le caractère sautillant et dédié à l’aventure et à l’humour de sa partition en fait une compagne de qualité à ce premier tome de Robillard.
Ca donne Quoi ? Au commencement étaient LesBoucaniers ! C’est en effet par ce comics peu connu et heureusement aujourd’hui tiré de l’oubli par les éditions Néofelis, que la légende Will Eisner a débuté dans le médium.
Strip d’aventure, de grande aventure même, Hawks Of The Sea, qui voit le jour en 36, est directement inspiré de films comme Capitain Blood ou The Sea Hawk (tiens !) où Errol Flynn promène son sourire charmeur sur des ponts de navires en faisant valser son sabre et ses partenaires féminines.
Eisner, qui signe la bande d’un pseudonyme, fait de son héros, le Faucon, un pirate héroïque, combattant farouche de l’esclavage. Le reste du casting est au diapason avec une galerie de second rôles hauts en couleur, et, si l’intrigue est assez classique, elle n’en n’est pas simpliste pour autant.
L’autre intérêt de Hawks Of The Sea est de pouvoir apprécier l’évolution dans le trait comme dans la narration de celui qui sera amené à devenir l’un des plus grands auteurs de comics.
Si au départ on sent l’influence des strips à l’ancienne, Prince Valiant en tête, rapidement l’art du cadrage, le sens du stroytelling prennent une dimension réjouissante qui annonce les œuvres à venir du maître.
On ne remerciera donc jamais assez Jean Depelley et Louis Chance, ainsi que Néofélis d’avoir exhumé cette centaine de planches, véritable patrimoine de la BD mondiale.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : THE MASTER OF BALLANTRAE
C'est de qui : W. Alwyn
Une Couv':
Déjà entendus sur le site? Oui, très probablement.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Alwyn, de formation instrumentiste, musicien virtuose et compositeur au répertoire classique solide, a déjà un solide CV sur grand écran quand il écrit la B.O de cette adaptation du roman de Stevenson avec en vedette, oui, vous l’aviez compris Eroll Flyn.
L’année précédente il a mis en musique The Crimson Pirate, avec Burt Lancaster, et l’expérience a été semble t-il des plus bénéfique vu la flamboyance de ses thèmes, l’ambiance luxueuse et héroïque de ses pistes.
Si nous sommes en 53, le score d’Alwyn fait clairement référence à l’Age d’Or d’Hollywood, Korngold en tête, avec ses mélodies de cordes travaillées et ses cuivres aux accords riches.
Ceux qui ont suivi la saga de l'été de Gen sur la série La Geste des Chevaliers dragons seront heureux de retrouver tout ce petit monde dans la chronique du dernier tome en date.
Et un bonheur n'arrivant jamais seul la chronique tant attendue des conseils musicaux sera en ligne en fin de journée!
LA BD:
C'est quoi : LA GESTE DES CHEVALIERS DRAGONS 23. LA MER CLOSE
C'est de qui ?Ange (scénario), Christian Paty (dessin), Stéphan Paitreau (couleurs)
Ca donne Quoi ? Je n'ai jamais caché l'intérêt que je porte à cette série qui ne s'affadit pas avec le temps mais ajoute de nouvelles "briques" à son univers.
Qu'est-ce que nous avons pu l'attendre, ce combat naval évoqué dès la première page du premier album! Et enfin le voilà! Bon, il aurait pu durer un peu plus longtemps que 4 pages, mais il arrive en apothéose d'un récit qui nous éclaire sur diverses petites phrases du tome 15 (L'ennemi) : la mort du cousin du Duc de Charmont et la prise de Sirtaga.
Ange a concocté un scénario digne des grands films maritimes hollywoodiens des années 1950-1960 : un capitaine courageux obéissant aux ordres de l'impératrice, l'hostilité de l'équipage envers la montée à bord de 4 femmes (qui portent malheur en mer, c'est bien connu) fussent-elles des chevaliers dragons, une escorte de bateaux marchands, une désobéissance aux règles, des combats navals avec les sardes… et, pour finir, un dragon marin!! Il crée des personnages profondément humains et sensibles qui essaient de rester fidèles à eux-mêmes dans une période qui les dépasse : déjà 10 ans de guerre avec son lot d'horreurs et de peines.
Christian Paty a illustré cette aventure épique en dotant l'Empire de 3 mats très XVIIe siècle qui conviennent bien à l'évolution des tenues des autres albums se situant dans la même période (excepté les tenues des chevaliers dragons, bien évidemment). Ses personnages sont parfois un peu froids, mais ses scènes de bataille et ses vues maritimes sont superbes… et son dragon immense et terrifiant. L'image de la flotte sarde évoque les légendes de vaisseaux fantômes
Au total, cela donne un album qui peut être lu indépendamment des autres comme une grande aventure puisque les allusions aux autres albums sont plus des clins d'œil que des références indispensables.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? LE CORSAIRE ROUGE
C'est de Qui William Alwyn
La couv'
Déjà entendu chez nous? Oui.
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? A album d'aventures épiques, rien de tel qu'un accompagnement d'aventures épiques des années des années 50! Surtout quand il est dû à un compositeur aussi virtuose que William Alwyn.
Sa solide formation classique lui a servi de base pour cette B.O qui mêle l'exotisme à la Katchaturian aux chants de marins traditionnels en passant par des parties plus romanesques évoquant les danses de cour du XVIIe siècle… plus un peu de grandiloquence bien hollywoodienne pour évoquer les voyages en mer.
Son thème principal est plein d'humour voire même d'un peu de dérision qui accompagnera aussi bien les batailles que les souvenirs d'enfance évoqués dans l'album!
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)