6 octobre 2016 4 06 /10 /octobre /2016 06:53

 

 

 

 

J'en vois déjà lever un sourcil soupçonneux quant au titre de ce bouquin, la raison de sa place ici et, surtout, qu’est ce qui a bien pu me pousser à lire (hum ! c’est un bien grand mot) ceci.

 

Deux mots : Led Zeppelin. Ou comment l’un des plus grands groupes de rock a fait atterrir ce livre sur ma table de chevet.

Fan inconditionnel de la bande à Jimmy Page depuis ma prime jeunesse, mon premier souvenir des Led Zep c’est cette pochette de 33 tours (le sobrement intitulé III) qui tournait sur elle même en dévoilant les visages des musiciens au milieu de diverses images plus psychédéliques les unes que les autres.

 

 

Un concept que je trouvais assez « magique » à l’époque, surtout que j’appris plus tard que Page était fasciné par Aleister Crowley, dont il avait même fait graver sur le premier pressage du vinyle deux phrases cultes (Advienne que pourra et Fais ce que tu veux).

 

 

Un troisième album tout bonnement ensorceleur d’ailleurs, de par sa diversité dans les genres abordés, que ce soit la fureur métallique qui ouvre les hostilités (l’évocation des raids vikings d’Immigrant Song avec les cris stridents de Robert Plant répondant à un riff imparable de son guitariste) au blues nostalgique de Since I’ve been loving you, en passant par le folk rugeux de Gallows Pole et Bron Y Aur Stomp.

III , après deux opus résolument heavy, prouvait à ceux qui en doutaient encore que le quatuor était plein de ressources et définitivement une référence musicale.

 

Depuis presque 30 ans il n’a pas du se passer une semaine sans que j’écoute tout ou partie de cet album, c’est dire ce que Led Zep représente pour moi.

 

(Je me situe largement dans la seconde colonne aujourd'hui!)

 

Et Aleister Crowley, donc, sorcier auto-proclamé, ex Franc Maçon ayant crée son propre mouvement et adepte/gourou de la …Magie Sexuelle, forcément cité dans cet ouvrage.

 

 

Une petite présentation du bonhomme ainsi que d’autres de ses semblables ouvre le recueil, qui, au fil de vos envies et autres motivations, vous fera envisager l’acte sexuel comme vecteur de puissance, de réussite personnelle, j’en passe et des meilleurs … si tant est que vous trouviez un(e) partenaire consentante (c’est recommandé à demi mots dans le bouquin d’ailleurs), voir plusieurs (si, si!) vous pourrez tester diverses cérémonies censées décupler vos prouesses et votre plaisir et canaliser celui ci vers de plus hautes sphères… et éventuellement organiser de sympathiques happenings dans la plus pure tradition zepelinienne.

 

 

Et si vous ne trouvez pas l’intéressé(e) –ce qui ne devrait pas vous étonner outre mesure j’espère-pas de soucis, y a même un passage pour faire l’amour à un(e) amant(e) non physique, concept qu’Alan Moore, également  amateur de Crowley n’a pas hésité à développer.

 

 

Profitons donc de cette planche finale pour retourner à nos BD, les livres sans images me font rédiger de bien étranges chroniques !

 

 

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Une chronique de Fab

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6 mars 2016 7 06 /03 /mars /2016 13:28

 

 

 

Lorsqu'il amasse des malles d'informations pour les besoins d'un projet (en l'occurence From Hell), Alan Moore ne se contente pas de les archiver dans son grenier. Le scénariste préfère les exploiter dans le cadre d'une série d'aventure furieusement déjantée, qui se veut un vibrant hommage au feuilletons et autres romans d'aventure populaires de la Belle Epoque. 

 

 

 

Les Trois, Quatre, Cinq, Six...Mousquetaires.

 

 

 

 

 

Le Comics :

 

 

Reprendre des personnages de la littérature fantastique du XIXème siècle aussi célèbres et divers que l'Homme Invisible, Dr Jekyll et son double maléfique Mr Hyde, Mina Harker (du Dracula) de Bram Stoker, le capitaine Nemo de Jules Verne et l’aventurier Allan Quatermain de Henry R. Haggard, pour mieux les détourner et les unir en une équipe improbable de guilde secrète au service de sa Majesté la Reine d'Angleterre, tel est le pari du vieux barbu Alan Moore.

Mais on connaît notre Sorcier/Scénariste, les personnages sans failles ne l’intéressent pas. Ainsi, Jekyll est un timide docteur se métamorphosant en monstre de 4 mètres psychopathe et incontrôlable, le capitaine Nemo est un hindou qui travaille sous la contrainte pour l'empire britannique en mettant à disposition son fantastique submersible, Quatermain est un vieil aventurier déchu, accro à la cocaïne et l'Homme Invisible met à profit son don pour assouvir ses pulsions sexuelles en toute impunité.

Seule Mina Harker, divorcée de Jonathan et clairement traumatisée, tente d'imposer une cohésion, malgré sa condition de femme sous l'ère victorienne, tout en cachant son lourd passé.
 

 


Alan Moore décrit un univers steampunk des plus réussis où espionnage, humour, action et références sexuelles se côtoient à travers des dialogues soutenus des plus croustillants, le tout porté par les traits anguleux, mais précis, d'un Kevin O'Neill s'émancipant de plus en plus de la dictature DC Comics, après un Marshall Law qui restera dans les annales.

 

Tout en rendant hommage aux "feuilletons" victoriens de la littérature populaire, Campbell et Moore créent un divertissement d'une grande richesse, plus léger que V for Vendetta ou Watchmen, mais clairement déviant et à destination des adultes...

 

 

 

 

Le "matériel" est si facilement pétrissable que le duo se reformera pour offrir de nouveaux cycles bien plus barrés avec le Black Dossier et Century, mais ceci est une autre histoire...

 

 

 

 

 

Le Film :

 

 

 

 

Hollywood a longtemps tourné autour des comics d'Alan Moore avant de les adapter pour le grand écran. Bien mal leur en a pris. En effet même s’il était probablement plus simple pour la Fox d'adapter LXG qu'un V for Vendetta ou Watchmen, ils n’en n’ont pas moins raté le coche (pour faire dans l’euphémisme).

 

En prenant le parti d'expurger toute connotation sexuelle ou ironique et de lisser les personnages (adieu les vices et les aspérités de chacun), le scénario dénature fortement une Ligue où viennent même s’ajouter un Tom Sawyer plus parlant au public américain et un Dorian Gray fort mal employé.

 

Pourtant auréolé du succès critique et public de Blade (première véritable incursion réussie de Marvel sur grand écran bien avant le Spider-Man de Raimi), Stephen Norrington subit les pressions du studio qui lui impose un scénario inepte et d'un Sean Connery cabot (crédité comme co-producteur de la "chose", ce qui explique sans doute l'importante réécriture de son personnage) qui sortira extrêmement déçu de l'aventure puisque LXG reste sa dernière apparition sur grand écran.

 

 

 

Malgré tous ces défauts et un montage chaotique, dont même un oeil peu averti décèlera aisément les coupes et raccords guères subtils, le film se révèle parfois divertissant comme pouvait l’être une série B des années 80, certains effets spéciaux et décors étant par exemple plutôt réussis. Le manque d'ambition narrative, comme l’irrespect du comics prouvent à quel point le studio n'a rien saisi de l’oeuvre originale de Moore et O'Neill, n'ayant voulu utiliser que leurs noms pour glaner quelques billets verts supplémentaires.

 

 

 

Nanar de luxe divertissant sans être ambitieux, le film peut plaire à qui n'aura pas lu le comics, les autres pourront s'en passer aisément et se rabattre sur l’intéressante série TV Penny Dreadful, sorte de LXG déguisée et bien plus dans l’esprit du comics, voir tenter de relire le cycle Century qui, avec ses références à n’en plus finir,  donnera autant de migraines que le découpage des scènes d'action de Papy Connery dans la Ligue version ciné.

 

 

La B.O :

 

 

 

Après sa participation à deux films mineurs - Crossroads, l'unique film de Britney Spears (quel dommage !) et Star de père en fille (euh...) - Trevor Jones revenait enfin à la compo d'une oeuvre potentiellement bankable, la dernière en date étant... From Hell des Frères Hughes.

Force est de reconnaître que son travail est largement plus abouti que le film qu'il prétend servir (et que, on l'a vu, sa partition pour l'adaptation sus-citée). Mais est-ce vraiment surprenant de la part de l'homme qui a écrit les musiques d'Excalibur (sauf quand c'est Wagner ou Orff), Dark Crystal, Le Dernier des Mohicans ou encore Dark City ? Puissante, ambitieuse, classique (dans le bon sens du terme), et surtout en parfaite adéquation avec l'esprit épique et aventureux de l'univers qu'elle est supposée illustrer, cette BO suit finalement une démarche radicalement opposée à celle adoptée par les producteurs de LXG. L'effort est louable et mérite largement qu'on y prête une oreille attentive (par exemple pour accompagner la lecture du comics de Moore et O'Neill), mais n'est pas suffisant pour faire oublier toutes les scories du film de Norrington surtout qu'elle y a été utilisé à fort mauvais escient. On ne change pas le plomb en or... en tout cas pas avec une simple baguette de chef d'orchestre.      

 

 

 

 

 

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Une chronique de Jet & un coup de pouce de Lio

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5 mars 2016 6 05 /03 /mars /2016 19:43

 

 

 

 

AUTOPSIE DE L'ENFER

 

 

 

 

 

 

Le Comics

 

 

 

N’y allons pas par quatre chemins, avec From Hell Alan Moore et Eddie Campbell ont crée un monstre. Vingt ans après sa parution (le comics a d’abord été publié sous formes de fascicules de 1989 à 1996)  cette évocation de l’un des plus fameux tueurs en série de l’Histoire reste probablement l’ouvrage le plus difficile et le plus complet de son scénariste pourtant connu pour avoir pondu des œuvres phares.

 

 

 

 

Ce n’est pas innocent si le sous-titre du livre est Une Autopsie de Jack L’Eventreur, Moore décortique en effet minutieusement chaque aspect de la morbide affaire mais également de tous les faits annexes qu’ils soient historiques, sociaux ou culturels. Ainsi au fil de chapitres dessinés dans un style graphique parfois aride, hachuré et en noir et blanc, dont Campbell parle comme à mi-chemin entre l’esquisse d’époque et la froide représentation d’une réalité (et que la forme classique du gaufrier de 9 cases ne rend pas plus accessible), les auteurs, qui ont opté pour la version de l’écrivain Steven Knight impliquant la famille royale et notamment le médecin personnel de sa Majesté comme coupable le plus évident, évoquent pèle-mêle les Francs Maçons, la royauté britannique, la lutte des classes, la condition de la femme, les balbutiements de la psychologie, la sexualité, le surnaturel et…quand même, Jack L’éventreur, qui, comme Moore le dit lui même, n’est pas l’intérêt principal du bouquin.

 

 

 

 

On connait le bonhomme friand de références, si ici certaines sont évidentes – outre les citations, on croise des « célébrités » de l’époque comme John « Elephant Man »Merrick ou le dandy Oscar Wilde - d’autres sont bien plus obscures et connues probablement du bonhomme seul. Si, une fois n’est pas coutume, elles ne gênent pas la lecture, on ne peut manquer de se demander si l’on ne passe – peut-être - pas à côté de quelque chose.

 

Il faudra donc au lecteur  persévérant une bonne dose d’abnégation  pour aller au bout des quasi 500 pages de ce monument de la littérature graphique (oh, oh !) aux ramifications vertigineuses et aux graphismes intransigeants voire austères, mais complémentaires en tout point du propos d’un scénariste qui se livre là à un tour de force rarement égalé dans le médium et qui reste une des créations dont il est le plus satisfait.

 

 

 

Le Film

 

 

 

 

N’y allons pas par quatre chemins, le From Hell des frères Hughes est une purge. Une série B d’épouvante peu inspirée et tellement loin de son matériau d’origine que l’on se demande comment on pourrait même rapprocher les deux. En fait non, on ne se le demande pas, les réalisateurs nous donnent eux même l’explication en interview (que l’on peut retrouver sur les versions DVD du film).

 

Le studio (Disney !) refile aux frangins, responsables à l'époque d’un très hype Menace To Society, le scénario d’un duo d’auteurs n’ayant probablement pas lu le comics de Moore, en leur demandant de mettre en scène cette bio de Jack L’éventreur. Bien entendu, personne à ce moment là ne compte se frapper un comics griffonné au stylo bic de la taille du bottin de l’Illinois, et donc, et je cite l’un des frères Hughes, ils ont techniquement repris le titre, la théorie du docteur de la Reine (qui, pour le coup n’est même pas de Moore) et … c’est tout !

 

Alors, plus loin dans l’interview (qui est édifiante d’hypocrisie mal dissimulée), réalisant qu’ils se sont tirés une balle dans le pied d’entrée de jeu, les réals tentent de redonner un soupçon de légitimité à  leur ratage en faisant l’éloge du bouquin, comme quoi tout le monde sur le plateau avait son exemplaire du comics (chose qui aurait pu –si toutefois elle avait été vraie- être fort amusante vu le poids de la bête) et qu’ils s’y référaient sans cesse. En guise de référence, on notera surtout une paresse intellectuelle qui consistera à re-pomper pas mal des cadrages de Campbell que les frères Hughes auront en plus la terrible idée de colorer façon films de la Hammer, à savoir dans des rouges sanguinolants criards et autres effets de style pompeux.

 

    

 

 

Sans s’appesantir trop sur les innombrables différences entre les deux œuvres, on notera la refonte du personnage de l’inspecteur Abberline, protagoniste quasi secondaire dans le comics (il ne doit pas y apparaitre avant une bonne cinquantaine de pages), devenu « star of the show » dans le film, opiomane avéré, pseudo Sherlock Holmes et voyant à ses heures (un mix de plusieurs personnages du livre en fait) sous les traits d’un Johnny Depp peu convaincu (dont Moore critiquera même le look arguant qu’à l’époque un policier avec une coupe de cheveux pareille  se serait vraisemblablement fait passer à tabac par ses collègues).

 

 

Face à lui une Mary Kelly glamour dont il va tomber amoureux (ah mais je vous avais dit que c’était du grand art !) jouée par Heather Graham, sensation éphémère à l’époque et assez mauvaise actrice.

L’identité du tueur, révélée d’emblée dans le livre et « devinée » par notre détective surnaturel dans la péloche…bref, j’en passe et des meilleures.

Pour terminer cet hallali, on notera que le plus gros désaccord des frère Hughes porte sur un plan de la plus haute importance pour le scénario, qui ne sera d’ailleurs pas dans le montage final, à savoir :

 

Tout est dit !

 

From Hell version Hollywood, et ce en grande partie à cause du producteur Don Murphy, caricature du requin de studios et ex « ami » de Moore, sonnera le glas des relations du scénariste avec le monde du cinéma, et, au regard des adaptations qui suivront, on ne pourra hélas que lui donner raison.

 

 

 

 

La B.O :

 

 

 

 

En 1992, alors que pourtant il coécrivait le score de Dernier des Mohicans (et trois autres navets tout seul), Trevor Jones a-t-il été frustré de ne pas pouvoir mettre en musique le flamboyant Dracula de Coppola ?

Non, mais on est en mesure de se poser la question quand on entend les analogies entre le B.O de From Hell et le tour de force de Wojciech Kilar. Les compositions gothiques lugubres qu’il a livrées aux Frères Hughes et qui mettent en avant des cordes bouillonnantes, notamment les violoncelles, au détriment des cuivres (à de rares exceptions près), des montées en puissance sourdes jusqu’à des paroxysmes d’angoisse portés par des chœurs profonds d’un grand ensemble vocal sonnent clairement parfois comme un lointain cousin du sus cité score.

Néanmoins, l’ajout de l’électronique, de sons effrayants et d’éléments de musique chinoise sort la B.O de Jones du simple hommage appliqué et rappelle certaines pistes du très bon Dark City.

Au final Jones se fend d’une musique d’épouvante bien écrite, à l’efficacité indéniable, mais assez peu originale et qui rajoute à l’atmosphère de film lambda de cette piètre adaptation d’un comics qui a marqué le médium.

 

 

 

 

 

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Une chronique par Fab

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5 mars 2016 6 05 /03 /mars /2016 15:22

 

 

Inauguration d'une nouvelle rubrique ce week-end sur BOBD, consacrée à l'analyse d'adaptations cinématographiques de bandes dessinées. L'idée est simple : revenir brièvement sur les genèses de l'oeuvre originelle et du film qu'elle a (plus ou moins) inspiré, puis s'interroger sur la valeur de cette adaptation (fonctionne-t-elle ou pas ?), avant de proposer, comme on ne s'appelle pas BOBD pour rien, une critique de la musique composée ou utilisée pour ce film. Nous avons décidé de placer tout de suite la barre assez haut en nous attaquant à l'un des artistes dont les adaptations alimentent systématiquement la controverse (à laquelle il lui arrive d'ailleurs souvent de prendre part) : Alan Moore, que Peio a brillamment introduit hier avec sa chronique "providentielle" ! C'est parti pour la 1ère des trois adaptations du Mage de Northampton.     

 

 

 

Who Watches The Watchmen?

 

 

 

 

LA BD :

 

En 1986, débute la publication des deux défibrillateurs de la bande dessinée américaine moderne : Dark Knight de Frank Miller et Watchmen d'Alan Moore et Dave Gibbons. Adoptant la structure d'une intrigue policière aux ramifications... inter-dimensionnelles, cette dernière constitue avant tout une oeuvre auto-réflexive sur l'univers des super-héros d'une profondeur rarement explorée, les deux auteurs prenant soin d'intégrer toute une batterie de suppléments (journaux intimes, coupures de presse, encarts publicitaires et jusqu'à un récit de pirate sous forme de comics qui fait écho à l'histoire principale) qui viennent étoffer l'univers de la BD ou éclairer certains aspects de la biographie des personnages. Le succès est tel que la perspective d'en tirer une adaptation filmique germe rapidement dans l'esprit de certains producteurs.

 

 

 

 

LE FILM :

 

Envisagée dès 1988, cette adaptation est d'abord proposée à Terry Gilliam qui finit par jeter l'éponge en apprenant que son budget sera divisé par deux. Valsant d'un studio à l'autre pendant plus de dix ans, le projet refait surface début 2000, lorsque le scénariste de X-Men, David Hayter, pond le traitement qui met tout le monde d'accord. Reste à trouver celui qui le mettra en scène. David Fincher, Darren Aronofsky ou encore Paul Greengrass seront évoqués. Tous abandonnent le navire à un stade de pré-production plus ou moins avancé.

En 2006, Zack Snyder, auréolé du succès de L'Armée de morts, son remake nerveux et réussi du Zombie de Romero, apparaît comme le nouvel homme providentiel, même s'il ne fait pas l'unanimité auprès de tous les fans de la BD qui lui reprochent son style outré et outrancier (comprendre "clipesque" et "bourrin").

 

 

Quoi qu'il en soit, le réalisateur, qui vient de finir 300 en étroite collaboration avec Frank Miller, se veut rassurant : sa version de Watchmen ne trahira pas le matériau d'origine. Le tournage débute donc sous les meilleurs auspices en 2007 et sort en 2009. Ayant coûté 130 millions de dollars, il n'en récolte que 184. Ce qui est bien, mais pas top ! Snyder impute ce succès en demie-teinte à un montage "salle" trop court. Pour rectifier le tir, il propose un director's cut, uniquement disponible en DVD Zone 1 pour des questions de droit. Agrémentée de 24min supplémentaires, cette version longue apporterait plus de violence, de sexe (et d'originalité ?) au film. A confirmer...

 

 

L'ADAPTATION

 

5min02sec. C'est le temps durant lequel le spectateur, laissant échapper quelques larmes d'émotion, se dit que Zack Snyder a tout compris de l'esprit du comics créé par Moore et Gibbons. 5min02sec... avant que ne s'achève le générique d'ouverture de Watchmen, emportant avec lui nombre des espoirs qu'il avait suscités. Car passé ce moment de pure grâce cinématographique, l'opinion que l'on aura du film relève surtout de la théorie du verre à moitié vide ou à moitié plein.

 

 

Dans le 1er cas, partant du principe qu'une adaptation réussie consiste en la réappropriation de l'oeuvre originelle, on estimera que Snyder a raté son coup, puisqu'à quelques détails près, son film n'est que la copie conforme (en nettement moins dense) du comics. Ce faisant, on rejoindra la position d'Alan Moore qui considère depuis toujours que ses histoires sont incomprises par les producteurs hollywoodiens, lesquels en trahissent forcément l'esprit, en les passant à la moulinette du politiquement correct. Le scénariste s'est d'ailleurs désolidarisé du film (position que Snyder respecte) en précisant qu'il trouvait que l'adaptation de 300 commise par ce dernier ne faisait qu'accentuer le caractère "raciste, homophobe et in fine vraiment stupide" de la BD. Fatality !

 

 

 

Dans le 2nd cas, on admettra que, dans le contexte ardu d'une production de blockbuster, Snyder a eu le mérite d'imposer jusqu'au bout au studio sa vision d'une histoire ambitieuse et complexe, sans jamais la trahir (même si adapter, c'est aussi trahir, passons...) ; servie, et c'était pas gagné, par un casting irréprochable. Son film apparaît dès lors comme la meilleure adaptation d'un comics depuis Spider-Man 2 de Sam Raimi.

 

A chacun de se demander, maintenant, comment il regarde le verre...

 

 

 

LA MUSIQUE :

 

 

 

 

C'est peu dire que la musique occupe une place prépondérante dans la BD Watchmen dont Alan Moore a émaillé le scénario de nombreux emprunts au rock, au folk ou au jazz. Zack Snyder a conservé cette prépondérance musicale dans son film... non sans modifications.

 

 

Des dix morceaux cités par Moore, le réalisateur en reprend cinq, qu'il n'utilise pas forcément dans les mêmes contextes, ni dans leurs versions d'origines. On peut s'interroger sur les motivations qui ont poussé Snyder à ne pas aller bout de sa démarche de fidélité - d'autant qu'il ajoute ses propres sélections pas toujours heureuses ("Halleluja" de Leonard Cohen pour la scène de cul, mouais...) - mais aussi à bouleverser l'ordre établi par le scénariste. Problèmes de droits ? Volonté de se démarquer ? Ceci dit, il faut admettre que l'album Watchmen : Music for the Motion Picture, qui rassemble les morceaux empruntés à différents artistes, fonctionne plutôt bien et que la décision d'utiliser "The Time They Are A-Changing" de Dylan en ouverture (dans la BD, le titre sert de slogan au parfum Nostalgia) est diablement inspirée.  Ce qui est loin d'être le cas de la 2nde BO du film, Watchmen : Original Motion Picture Score, composée par Tyler Bates.

 

 

Ecrite sous la triple inspiration de Manhunter, To Live & Die in L.A. et Blade Runner, BO emblématiques des 80's où se déroule Watchmen, l'approche a de quoi enthousiasmer (pour peu qu'on accroche à la synthé-pop de Wang Chung ou aux synthés tout court de Vangelis...). Làs, le résultat est loin d'être probant. Composition sans finesse, dépourvue du moindre thème accrocheur (alors que le film, avec sa galerie impressionnante de personnages, méritait une approche opératique digne de celle d'Elfmann pour Batman Returns), la partition de Bates ne se hisse jamais au-delà de la fonction principale qui lui est dévolue : servir de transition entre la douzaine de chansons retenues pour le film.

 

 

 

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Une chronique de Lio

 

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4 mars 2016 5 04 /03 /mars /2016 18:44

 

 

En introduction à notre nouveau cycle qui commence demain, la chronique musicale de la dernière série parue en VF d'Alan Moore (qui sera le sujet du cycle en question):  

 

 

 

LA BD:

 

 


C'est quoi : PROVIDENCE

 


C'est de qui : A. Moore & J. Burrows

 

 

La Couv':

 

 

 

Déjà croisé sur le site? Moore oui, Burrows moins sur.

 

 

Une planche:

 

 

Ca donne Quoi ? Depuis maintenant une bonne dizaine d'années (et le tour particulier qu'il a fait prendre à sa Ligue des Gentlemen Extraordinaires), le génie britannique Alan Moore voit certains de ses lecteurs se détourner de ses travaux, jugés trop nébuleux et référentiels, et pas assez « dynamiques », trop bavards. Bref ce n'est plus comme avant, peut-on lire ici ou là. Et pourtant, le Mage de Northampton n'a rien perdu de sa maestria narrative.

Moins facile d'accès de prime abord, son travail est toujours aussi étourdissant de virtuosité, d'intelligence et d'érudition. Et ce n'est pas cette relecture des grands récits lovecraftiens qui viendra infirmer cette tendance : dans une veine proche de celle du reclus de Providence (et de la sienne, aussi), Moore mêle le fictif et le réel de manière très intriquée (ne cherchez pas trace de Sous le Monde, le livre maudit qu'il invente pour les besoins de son récit...mais qu'il évoque aux côtés du très réel Roi en Jaune de Chambers), pour mieux perturber le lecteur déjà mis à l'épreuve par l'emploi de thématiques plus troubles et déviantes les unes que les autres (inceste, nécrophilie, cannibalisme et autres joyeusetés). Néanmoins, contrairement à son Neonomicon (dont Providence est une sorte de préquelle), le scénariste reste dans l'allusif et n'use pas ici des débordements graphiques carabinés assurés par Jacen Burrows.

Ce dernier n'est certes pas le plus grand dessinateur de la Terre (ni le plus mauvais chez Avatar, ceci dit), mais il est suffisamment rigoureux et méticuleux pour rendre justice aux scripts fourmillants de détails d'Alan Moore. Notre Barbu réussit mine de rien l'exploit, sans recourir au décalque stérile, d'évoquer parfaitement le meilleur de l'oeuvre de Lovecraft, qui s'appuie sur la certitude terrifiante que l'horreur dévoilée n'est qu'un pâle reflet de celle qui nous reste cachée...

 

 

 

LA MUSIQUE

 

 

 

 C'est Quoi ? PIGS OF THE ROMAN EMPIRE

 

 

 C'est de Qui ? The Melvins / Lustmord

 

 

La couv' 

 

 

Déjà croisé chez nous? Du tout.

 

 

On peut écouter?

 

 

 

 

Ca donne Quoi ? Les membres de The Melvins ont beau aimer les collaborations diverses et variées (avec Shrinebuilder, Fantômas ou Big Business, par exemple), il est quand même surprenant de les voir travailler en 2004 avec le musicien Brian « Lustmord » Williams. Ce dernier, déjà pionnier de la musique industrielle avec le groupe SPK au début des années 80, peut aussi légitimement être considéré comme le père du « dark ambient », ce courant de la musique électronique propre à donner des cauchemars au plus brutal des amateurs de black métal. Il est même plus précisément encore, avec l'album The Place Where The Black Stars Hang, l'initiateur de la veine spatiale, sidérale ou cosmique du genre, pour des travaux lovecraftiens au sens premier du terme.

Mêlée aux riffs plombés du génial Buzz Osborne et aux coups de massue du batteur Dale Crover (l'un des plus sous-estimés de toute la scène rock), la musique de Williams instille un climat anxiogène, où des bruits sourds et des notes graves bâtissent un climat de cauchemar à l'échelle cosmique. Il y a à boire et à manger sur ce disque, notamment du fait de certains interludes débilo-punks propres à chaque album des Melvins (au sens de l'humour notoirement tordu...mais justement, le travail d'Alan Moore sur Providence n'en est pas dépourvu non plus). Peu importe : la plage éponyme, monument sonique de plus de 20 minutes, vaut à elle seule le voyage.

Après un prélude made in Lustmord noir comme la nuit, un riff monstrueux, monumental (signé Adam Jones, guitariste de Tool invité pour l'occasion) semble s'élever des abysses, aussi simple que génial, résumant à merveille le feeling particulier du travail commun de Moore et Lovecraft.

 

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Une Chronique de Peio.

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