7 avril 2018
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15:37
LA BD:
C'est quoi ? LA MERE ET LA MORT. LE DEPART
C'est de qui ? Arispe, Laiseca, Chimal.
La Couv':
Déjà lus chez nous? Arispe oui.
Une planche:
Ca donne Quoi ? Après Le Livre, une version assez remarquable de certains passages de la bible, l’argentin Nicolas Arispe adapte cette fois un poème de son compatriote Alberto Laiseca et de l’écrivain mexicain Alberto Chimal.
Construits en miroirs, présentés tête bêche, les deux adaptations d’Arispe sont constituées de grandes images en pleines pages, dans le style baroque et gothique saisissant de l’artiste qui faisait déjà toute la beauté du Livre.
Dans La Mère et la Mort, une femme refuse que son enfant lui soit enlevé par la Mort et poursuit cette dernière au coût de sa propre personne. Si elle finit par récupérer sa progéniture, le prix à payer en est terrible.
Dans le Départ la chute d’une statue provoque la mort d’un enfant à laquelle la mère ne peut se résoudre. Cette dernière garde le corps pourrissant de son enfant qui ne peut pas mourir jusqu’à ce que la situation ne soit plus tenable.
Les compositions en noir et blanc d’Arispe puisent leurs inspirations dans des sources aussi multiples que diverses, au hasard et dans le désordre : Bosch, l’art Gothique, les photographies post-mortem de la fin du XIX° siècle, Busch, l’art Flamand… le tout recomposé et mélangé avec un brio macabre et inspiré.
Si l’on pourra tiquer sur le prix élevé de l’album rapport à son nombre de pages, le soin apporté à l’impression et la qualité de l’ouvrage sont manifestes.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :DOKTOR FAUST
C'est de qui ? Busoni
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? L’un des principaux intérêts de cette version de Faust par Busoni est qu’il n’est pas allé chercher l’inspiration dans le texte de Goethe mais bel et bien aux origines du mythe, aux alentours du XVI° siècle.
Loin des œuvres précédentes des glorieux comparses auxquels il n’a pas hésité à se frotter (Gounod, Berlioz, excusez du peu) le compositeur italien livre une version plus sombre, plus grave, tour à tour mélancolique ou dramatique et même si l’opéra reste inachevé à la mort de l’artiste, terminé par d’autres, sa force d’évocation est intacte.
Alors, bien entendu, vous savez que chez B.O BD, à de rares exceptions près, nous évitons de vous proposer de la musique accompagnée de chant quels qu’ils soient.
Ici nous utiliserons la seule introduction de l’opéra de Busoni, toutes en violons mélodiques contrebalancées par des vents plus menaçants, annonciateurs de la tragédie diabolique (c’est le cas de le dire !) à venir, que l’intervention de chœurs aériens étranges, ponctue à merveille.
Le passage exprime à merveille le désespoir des personnages des textes choisis par Arispe, le malheur de leur mésaventure et leur confrontation avec la mort, quelle soit personnifiée ou non
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Une Chronique de Fab
31 mars 2018
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07:32
LA BD:
C'est quoi ? SERENA
C'est de qui ? Pandolfo et Risbjerg
La Couv':
Déjà croisé dans le coin? Oui
C’est édité chez qui ? Sarbacane
Une planche:
Ca donne Quoi ? Les Smoky Mountains en Caroline du Nord au début des années 30.
Georges Pemberton, propriétaire d’une exploitation forestière revient chez lui accompagné de sa nouvelle épouse, Serena, qui se révèle rapidement être une meneuse d’hommes, une femme au tempérament de braise qui sait ce qu’elle veut et est prête à tout les sacrifices (surtout ceux des autres !) pour y arriver. Elle ne s’arrêtera que quand elle aura déboisé assez d’arpents de terre pour atteindre ses fins.
On pense en lisant Serena à ces grandes sagas tragiques où le destin de personnages forts est intimement lié à la terre, de Géant à There Will Be Blood, et c’est là que le livre (probablement le roman d’origine déjà mais encore plus sa version graphique) est puissant.
Et puisque l’on évoque le cinéma, Serena est une femme forte, une figure implacable et sans remords qui n’hésite pas, via son âme damnée, à se débarrasser de ceux (et celles !) qui se dressent sur le chemin de sa réussite. Le genre de personnages que l’on aurait pu voir camper au grand écran par une Marlène Dietrich.
Malgré sa pagination généreuse, pas une scène n’est superflue, pas une case n’est en trop, la tension et la froideur transpirent de chaque page.
Le nouvel opus d'un duo qui nous avait déjà impressionné prouve le talent respectif de ces deux auteurs.
Le style graphique si particulier de Risbjerg, tout à la peinture, qui tire autant sur le trait d’un Blain que sur de l’illustration jeunesse, s’il semble apporter de prime abord un décalage bienvenu entre la douceur des traits et la dureté du propos, s’insinue rapidement dans l’atmosphère générale pour la rendre encore plus sombre et prenante.
A n’en pas douter l’un des grands albums de ce début d’année et le livre de la maturité pour un duo décidément complémentaire !
LA MUSIQUE:
C'est quoi : IMPITOYABLE
C'est de qui ? L. Niehaus
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Une poignée de fois oui.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Alors que la décennie a débuté sous les meilleures auspices avec l’immense succès critique comme public du Danse avec les loups de Kostner, Le vieux Clint décide de remettre les pendules à l’heure en proposant cette histoire de vieux desperado repenti qui se voit obligé de reprendre du service quitte à y laisser des plumes et ce qu’il lui restait d’âme.
Avec des réminiscences de Lalo Schifrin sur certaines pistes à cheval (hum !) entre le western et le thriller, Niehaus laisse bientôt la mélancolie et la tristesse poétique des débuts de la B.O d’Unforgiven pour se consacrer à développer des montées en puissances où la tension est le maître mot.
13 ans après Pale Rider, leur première collaboration, le film comme sa B.O prouvent que peut encore produire des œuvres de genre efficaces et abouties et que les deux artistes s’inspirent toujours mutuellement.
Une musique aussi crépusculaire que l’on pouvait espérer au vu du scénario, qui se marie également fort bien avec la BD du jour.
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Une Chronique de Fab
28 mars 2018
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LA BD:
C'est quoi ? CLAUDINE A L’ECOLE
C'est de qui ? Lucie Durbiano
La Couv':
Déjà lue chez nous? Non
C’est édité chez qui ? Gallimard
Une planche:
Ca donne Quoi ? Petite anecdote avant d’entamer notre chronique du jour, au vu du titre, de la couverture et du style graphique de l’album, j’ai un peu bêtement pensé que Claudine à l’Ecole pouvait plaire/convenir à me fille, qui, comme vous la savez si vous venez souvent par ici, du haut de ses 9 ans est une lectrice passionnée.
Et bien j’en ai été pour mes frais !
En effet, l’ambiance générale de l’adaptation de Lucie Durbiano du premier roman de Colette, avec ses héroïnes au fort caractère et ses situations parfois amusantes, son trait ligne claire coloré et agréable, lui ont certes plu, mais elle a été un peu plus mitigée quant au relations qu’entretiennent les protagonistes (« C’est bizarre ! » a t-elle conclu quand je lui ai demandé si c’était bien)
L’occasion ayant fait le larron nous en avons profité, sa maman et moi même, pour lui expliquer qu’à l’époque où se déroule Claudine à L’école (fin du XIX° siècle) cette dernière n’était pas mixte et que cela pouvait peut être favoriser des sentiments comme en ont Claudine, Mlle Lanthenay ou Mlle Sergent (et encore nous sommes passés sur le comportement cavaleur du docteur !).
Nonobstant cette anecdote toute personnelle, force est de reconnaître que l’album se lit fort bien, Lucie Dubriano, à l’écriture et au dessin, ayant parfaitement su rendre l’ambiance et l’esprit de l'époque.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : L’INCORRIGIBLE
C'est de qui ? Delerue
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Après plus d’une décennie et autant de films ensemble, Delerue et De Broca se connaissent bien et le compositeur sait ce qu’attend son réal’ tout en se faisant plaisir.
Si l’Incorrigible, film à la gloire d’un Bebel alors en tête des box-office, est une comédie débridée, la musique de Delerue fait la part belle à la légèreté teintée de romantisme avec cet incontournable piano soliste que le compositeur affectionne.
La comédie n’en n’est pas moins à la fête avec des thèmes où les cuivres et la flute n’ont rien à envier aux grandes heures des films historiques de Delerue.
Un mélange d’ambiances d’une grande qualité de composition qui relève encore la saveur de la Claudine à l’école version BD.
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Une Chronique de Fab
20 mars 2018
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17:13
LA BD:
C'est quoi ? SAN ANTONIO CHEZ LES GONES
C'est de qui ? M. Sanlaville
La Couv':
Déjà croisé chez B.O BD? Oui
C’est édité chez qui ? Casterman
Une planche:
Ca donne Quoi ? Le retour en BD du mythique héros de Fréderic Dard sous la plume et le crayon (graphique) de l’un des piliers de Lastman, chez B.O BD on ne pouvait décemment pas passer à coté.
Notre commissaire beau gosse (personnalisé ici sous les traits de Delon jeune) toujours entiché de l’inspecteur Bérurier, aux antipodes coté look et sex appeal, se retrouve dans la cambrousse lyonnaise, dans un patelin où deux gamins (les « gones » du titre) ont disparu.
De fil en aiguille, de diamants perdus en parties fines louches, notre duo va en voir et en faire voir de belles aux locaux dans une enquête complètement décalée.
Sanlaville, fruit d’influences aussi multiples que diverses, et passé maître dans l’art de les compiler pour pondre quelque chose d’original et décoiffant, s’approprie l’univers de la série policière à l’humour noir et aux mœurs légères. S’il garde le parler fleuri des protagonistes, son style graphique hybride, tout de même moins explosif que sur Lastman, est aussi inattendu qu’efficace sur une telle adaptation et entre les caméos délirants (DSK, Depardieu, Zemmour et j’en passe), les pin ups peu farouches et les scènes d’action et de course poursuite, on tient là un exemple quasi parfait de remise au goût du jour, loin des remakes faciles et calamiteux d’Hollywood.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :KNOCKSTEADY. ZENCAST
C'est de qui ? Divers
La Couv':
Déjà entendu sur le site? Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si c’est un raccourci, voire un lieu commun, voire même une bêtise monumentale, j’avancerais que le Japon, malgré son riche passé, semble se comporter culturellement comme si tout ce qui était bon devait venir d’ailleurs.
Cette compilation hautement funky de thèmes et autres B.O de films nippons des années 60 et 70 en est un exemple frappant.
Entre breaks assassins de batterie, lignes de basse au groove imparables, guitare wah-wah en cocotte et claviers old school, on croirait entendre des inédits de Lalo Schfrin voire des rejetons de Morricone ou du John Barry époque 007, le genre de scores qui ont fait les beaux jours des sampleurs de bon goût ; les RZA, Beastie Boys ou encore, au hasard, Portishead.
Bref trois gros quart d’heure de pur musique à l’ancienne, plus vintage que les originaux (à rendre jaloux même un Lenny Kravitz) et du bonheur sonore qui vient rajouter au délire du San Antonio cuvée 2018 !
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Une Chronique de Fab
16 mars 2018
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10:11
LA BD:
C'est quoi ? PROFESSION DU PERE
C'est de qui ? Gnaedig adapte Chalandon
La Couv':
Déjà croisé dans le coin? Non
C’est édité chez qui ? Futuropolis
Une planche:
Ca donne Quoi ? Paris, le début des années 60, dire qu’Emile le jeune héros de Profession du père, n’a pas une enfance facile est un euphémisme.
Le père en question, d’un naturel violent lui raconte, entre deux corrections corsées, être un agent secret de l’OAS et l’oblige à s’entrainer comme un adulte, lui confie des missions aussi surréalistes qu’inutiles et l’empêche même parfois de faire ses devoirs ou de manger, ce qui rend ses résultats scolaires plus qu’aléatoires et donne droit à de nouvelles corrections.
Emile comprendra bien plus tard ce qu’il subodorait depuis le début, que son père est un mythomane dangereux et qu’il lui aura pourri son enfance ainsi qu’à sa mère.
Si le style graphique de Sébastien Gnaedig, épuré à la manière parfois d’un Sempé, semble aux antipodes de la dureté du propos de Profession du Père, au départ un roman de Sorj Chalandon- décidément prisé des auteurs BD ces derniers temps puisque, souvenez-vous, nous avons lu Mon Traître par Alary le mois dernier - la distanciation du trait est néanmoins bienvenue, tant l’histoire de ce pauvre garçon tyrannisé par un père perdu dans ses propres délires et prompt à la violence, est d’un sordide manifeste.
Un bel exemple d’adaptation réussie et originale.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :LE TAMBOUR
C'est de qui ? Maurice Jarre
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Quand on suggère à Volker Schlöndorff de demander à Maurice Jarre de mettre en musique son adaptation du roman Le Tambour, celui-ci est au départ sceptique, le scénario étant des plus atypiques, relativement intimiste alors que Jarre est dans sa période grand spectacle et Oscars qui vont avec.
Néanmoins ce serait oublier que le compositeur a une solide formation de batteur et de percussionniste, qu’il a joué dans l’orchestre de Pierre Boulez et ne rechigne pas à employer des instruments et arrangements ethniques –entre autre- dans ses œuvres pour le cinéma si cela lui semble pertinent.
Fort de son expérience pour la scène, avec Jean Vilar notamment, Jarre laisse libre cours ici à son imagination débordante et sa propension à aller chercher l’inspiration là où on ne l’attend pas. Ainsi son thème d’intro, très rythmique, pour ne pas dire martelé, tire son origine du folklore Cachoube, une ethnie d’Europe de l’Est tout en faisant électro.
En plus d’un piano mécanique quasi dissonant et de percussions, le compositeur introduit une guimbarde aux accents juifs à l’effet surprenant ; on a bien des passages plus classiques avec des thèmes romantiques assez tristes et des variations de valses pour faire couleur locale mais l’ensemble respire la bizarrerie, le malaise et la mélancolie, ambiances qui vont plutôt bien à l’adaptation de Profession du Père.
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Une Chronique de Fab