Suite et fin de notre cycle sur le adaptations shakespeariennes en bd du week end.
LA BD:
C'est quoi ? MACBETH ROI D'ECOSSE
C'est de qui ? Sorel & Day
La Couv':

C’est édité chez qui ? Glénat
Déjà croisés sur le site? Oui, les 2.
Une planche:

Ca donne Quoi ? Shakespeare a eu maintes fois les honneurs de l'adaptation en BD et Macbeth est la pièce qui revient le plus souvent ; du coup, comme on a pu le voir déjà chez nous (et même pas plus tard qu'hier), ce qui fonctionne le mieux sont les versions personnelles, originales, décalées et j'en passe.
Je vous avoue donc que, attiré au départ par le trait de Sorel, j'ai tout de même ouvert ce premier tome avec quelques craintes, connaissant plutôt bien le texte d'origine. Le vent froid de la lande a néanmoins vite balayé ces peurs, la pièce écossaise revue par Thomas Day est -oui je sais elle est facile- pleine d'un bruit et d'une fureur digne d'une œuvre de fantasy !
Si on entend parfois que traduire c'est trahir, adapter, je pense c'est s'approprier. Ce que le scénariste fait ici fort bien, modifiant certains passages, redonnant à la terrible Lady Macbeth (dont une « origine » est ici proposée d'ailleurs) la place de choix qui lui revient et faisant de l'anti héros Macbeth guère plus qu’un pion dans les griffes de sa machiavélique épouse.

Le talent de Guillaume Sorel fait le reste, visiblement inspiré par la vision de son scénariste, le dessinateur n'a rien perdu de ce qui a fait sa réussite, j'irai même jusqu'à dire qu'il se surpasse par moments dans ce premier tome épique où les couleurs et les teintes choisies en fonction des passages et des scènes font toujours mouche que ce soit dans le bucolique, le tragique ou le sanglant.
Macbeth renaît donc encore une fois sous ces quatre mains expertes dans une version épique et ténébreuse qui devrait parler à la génération actuelle nourrie à Game Of Thrones et Vikings.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :SYMPHONIE N°2
C'est de qui ? S. Prokoviev
La Couv':

Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Dans une veine barbare qui annonce les grands scores que Prokoviev écrira la décennie suivante pour Eisenstein, cette seconde symphonie (genre que le compositeur abordera peu et de façon assez disparate dans sa carrière) est inspirée de Pacific 231 de Honnegger, où les instruments personnifient les rouages et parties d'une machine (une locomotive dans le cas du Suisse).
Volontairement grandiloquente, limite agressive par moments voire peu représentative de ce que Prokoviev écrivait à l'époque, cette symphonie s'inscrivait dans la mouvance d'un certain renouveau de l'écriture classique en vogue au début du XX° siècle. Les cuivres y sont imposants et les cordes flirtent parfois avec la dissonance pour un effet assez efficace.
Certains passages ont sans nul doute inspirés les compositeurs de cinéma du siècle dernier, John Williams en tête, et le caractère expressif et illustratif de la partition apporte une dimension épique au Macbeth de Day et Sorel.
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Une Chronique de Fab