Ca parle de quoi? Frederick Summers, puissant businessman emploie le detective privé Alan Macklin pour enquêter sur une certaine Sylvia jeune femme énigmatique apparement sans passé qu’il doit épouser.
Macklin, quelque peu réticent au départ, va vite se retrouver pris dans une étrange spirale et peu à peu s’attacher un peu trop au sujet de son enquête.
Et donc, pourquoi on en parle? On a pu apprécier avec son flamboyant Spartacus la capacité qu'à Howard Fast à manier le fond et la forme, faisant passer des idées et évoquant des thèmes importants au travers d'une histoire prenante (et, en apparence assez éloignée des thèmes en question).
Avec Sylvia, l'auteur s'empare des codes du roman noir qu'il maîtrise clairement, et les détourne avec talent pour raconter une histoire d'amour quasi platonique tout en tenant son lecteur en haleine.
Alors certes tout ceci paraîtra suranné au lecteur d'aujourd'hui mais l'amateur de polar, voir de roman bien écrit tout court ne boudera pas son plaisir avec ce petit joyau noir!
Ca donne Quoi ? J’ai un assez net souvenir de l’Enfer, film sorti au début des années 90 où Cluzet cabotinait beaucoup et où Emmanuelle Béart, avant ses errances chirurgico-esthétiques, emportait l’adhésion de par sa beauté et son jeu.
Chabrol s’était fait plaisir en auto-assumant la filiation avec Clouzot auteur du scénario original dont la tentative de mise en scène, trois décennies plus tôt, s’était soldée par un échec cuisant, entraînant, entre autre chose, la défection de son principal interprète masculin (Regianni fait une dépression suite à la pression de son réal’) et l’infarctus du metteur en scène.
Sur un sujet assez classique (un mari maladivement jaloux sombre dans une paranoïa aigue et fait vivre à sa jeune épouse…un enfer!) Clouzot avait choisi de privilégier la forme sur le fond en utilisant des méthodes alors assez inédites dans le cinéma mainstream français, à base entre autres de traitements en post-prod, de colorisations psychédéliques et autres effets stroboscopiques.
La version de Chabrol est bien plus lambda et, par bonheur, un documentaire sur le tournage d’origine est sorti à la fin des années 2000, montrant notamment quantité de rushes où la magnifique Romy Schneider est “retouchée” de maintes sortes (et, procédé moins pertinent à mon sens, des scènes jamais tournées jouées en face à face et sans décors par deux acteurs de l’époque dont la très belle -décidément!- Bérénice Béjo). Je suis de bonne, je vous met
A noter qu’un peu après la sortie en DVD est également paru un très beau bouquin qui présente nombres de photos du film et de son tournage.
Cette interminable remise en situation nous amène à l’album d’aujourd’hui, dans lequel Nicolas Badout, dont c’est la première incursion dans le 9° art, reprend le scénario originel de Clouzot.
Au début des sixties, Odette et Marcel sont un jeune couple qui tient un hôtel- restaurant au bord du lac de Grandval. Au bout de quelques années, Marcel commence à avoir des troubles du sommeil qui vont le conduire à des sautes d’humeur et, de fil en aiguille, à développer une paranoia sur le fait que sa femme le trompe, jusqu’à dépasser les limtes.
Badout adapte le texte fidèlement, essayant de recréer visuellement les désidératas de Clouzot, notamment des passages en couleurs étranges pour les séances où le mari s’imagine des choses et un noir et blanc pour le reste de la narration.
Côté graphismes l’auteur s’inscrit dans la tradition de gens comme Charles Burns outre Atlantique ou Mezzo chez nous, avec des effets d’ombres et d'encrages quasi expressionnistes parfois.
Récit noir classique mais solide, bien narré et à la fois hommage à un géant du cinéma français et à son film maudit, L’Enfer est un album qui ravira plus d’un amateur!
LA MUSIQUE:
C'est quoi ?LE CRIME ETAIT PRESQUE PARFAIT
C'est de qui ? D. Tiomkin
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Quatrième et dernière B.O composée par Tiomkin pour Sir Alfred Hitchcock, le Crime était presque parfait débute faussement avec un thème principal aux airs de valse avant de glisser vers un suspense appuyé, à base de motifs intriqués joués par des instruments aussi variés qu’une trompette étouffée, des trémolos de flûte traversière, un cor dans les graves ou encore des timpani et autre vibraphone.
Jamais dissonante malgré la richesse voire la complexité de ses thèmes ; la partition de Tiomkin construit peu à peu une tension quasi constante que certaines pistes viennent quelque peu contrebalancer (on notera un clin d’œil à Moussorgsky des plus inattendus).
Surannée juste ce qu’il faut pour coller à l’époque de l’Enfer, la B.O de Tiomkin en souligne à la fois les passages psychologiques et le lent mais inexorable glissement de l’intrigue vers la tragédie.
Ca donne Quoi ? Un couple en vacances en Grèce a la malchance d’y rencontrer “l’ami d’un ami” qui les invite à une soirée privée sur un yacht, où leur séjour tourne au cauchemar.
En effet, en fait de soirée, il s’agit d’une réunion de famille mafieuse qui va déraper à la vitesse grand V et se transformer en bain de sang et dont nos deux héros vont avoir bien du mal à se tirer.
Ce premier tome de Lune de Miel se veut un hommage à la comédie d’aventure musclée à l’américaine dont Bastien Vivès détourne les codes en le truffant de bons mots et de références qui feront sourire les amateurs de 9° art.
Après les remous médiatiques de l’an passé, l’auteur de Polina et de Lastman pond un album sans temps mort qui se lit avec plaisir (et, si vous vous posiez la question, ne comporte aucune scène dénudée bien que le contexte aurait pû s’y prêter).
Son style graphique est un peu moins épuré qu’à l’accoutumée et les couleurs sont plus vives que ce à quoi il avait pu nous habituer.
Premier d’une série à venir, ce Baiser du Sphynx est un divertissement de bonne facture qui pourrait donner, avec un tout petit plus de corps, des suites fort agréables!
LA MUSIQUE:
C'est quoi ?ENTER THE 37 CHAMBER
C'est de qui ? El Michels affair
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Combo hybride de petits groupes soul du début des années 2000, sous la houlette de Leon Michels, El Michels Affair tente au départ, avec un certain brio, de redonner vie à la musique noire des années 60 à 80, tout en la mélangeant à sa sauce.
Après un buzz notoire, le label Scion les met en relation avec Raekwon du Wu Tang Clan afin de mélanger deux univers musicaux finalement très proche.
Le résultat dépasse toutes espérances, résultant en une tournée avec d’autres membres du groupe de hip-hop culte et surtout cette galette, qui voit notre combo rejouer avec des instruments live de grands titres du Wu Tang.
Un bol d’air musical pour auditeurs curieux et pour lecteurs de comédie policière aussi
Ca donne Quoi ? Le duo déjà responsable d’une reprise fort libre du Dracula de Stoker (déjà chez Glénat l’an passé) s’attaque ici à l’autre pierre angulaire de la littérature gothique, à savoir le Frankenstein de Shelley.
Ici aussi que les puristes soient avertis, le texte d’origine est fortement remanié et, si les thématiques sont plutôt présentes - le rejet de l’autre, la question du Bien et du Mal, l’homme qui veut rivaliser avec dieu, etc…- le scénario de Cannavo tient plus du film d’horreur à la Hammer que du chef d’oeuvre de la littérature fantastique dont il s’inspire, faisant par exemple de la créature un serial killer là où Sheley le dépeignait en victime de la bêtise humaine qui finit par être obligé de se battre avec les mêmes armes que ses agresseurs.
Il donne cependant la possibilité à Corrado Roi de faire l’étal de tout son talent, de sa science du noir et du blanc au travers d’à plats, d’ombres et autres effets de matières très réussis qui confirment sa place dans la lignée de ses illustres prédecesseurs, de Battaglia à Toppi en passant par Breccia.
LA MUSIQUE:
C'est quoi ?NOSFERATU
C'est de qui ? R. Carolan
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Non
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Restons dans les reprises, restons dans le gothique, restons dans le…”fallait il le faire”?.
Après quelques films plus ou moins encensés -dont certains à raison- par la critique, Robert Eggers vient de livrer son Nosferatu, remake du film de Murnau déjà remaké par Herzog et lui même adaptation non officielle de Dracula (une histoire de droits à l’époque).
Si nous ne sommes pas sur du “plan par plan” on est néanmoins sur du plutôt plan-plan dans le domaine avec un film à l’esthétique léchée, à la réalisation soignée, à l’interprétation fort correcte mais…chiant!
Alors peut-être parce que je connais l’histoire sur le bout des doigts et que d’autres l’ont bien mieux racontée avant Eggers (Coppola en tête)? Je ne saurais dire mais, puisque c’est ce qui nous intéresse ici, quid de la B.O?
Signée par Carolan, déjà responsable de celle de The Northman, précédent long du réal, elle met les petits plats dans les grands, convoquant à la fois la démesure d’un Killar et les subtilités de quelques ovnis du genre depuis quelques années.
Fort d’un orchestre de 60 instruments, d’une harpiste, d’un coeur au grand complet et de cors fort bien utilisés, Carolan, s’il ne révolutionne pas le score de film fantastique arrive à pondre une partition assez éclectique et évocatrice pour se démarquer du lot et fait beaucoup de bien à cette variation de Frankenstein!
Déjà croisés sur le site? Oui pour Ram V, pas sur pour les autres.
Une planche:
Ca donne Quoi ? The One Hand and The Six Fingers est le nouveau projet du prolifique Ram V qui oppose, dans un lointain futur (mais finalement -et étrangement- peu différent de notre époque) Ari Nassar un flic proche de la retraite qui a eu son heure de gloire quand il a mis fin aux meurtres d’un désaxé mais est replongé dans son passé alors que sont perpétrés des crimes au modus operandi identique.
On a lu et vu des ribambelles d’histoires de tueurs en série ces trois dernières décennies avec, comme maître étalons des choses comme Le Silence des Agneaux ou Seven (le film a d’ailleurs 30 ans cette année, ça ne rajeunira personne n’est ce pas!?).
Là où la série/concept scénarisée à 4 mains (et dessinée à autant d’ailleurs) cherche à se démarquer un peu du genre, c'est dans sa narration avec les récits croisés du tueur en série et du flic qui enquête sur les meurtres.
Les deux styles graphiques sont bien différenciés le premier sous influences Sean "Criminal" Phillips, le second penchant plutôt vers (ma préférence va clairement à celui du tueur en série, moins “informatisé” que celui du policier) et la mise en page aussi, le tueur souffrant selon toutes apparence d'une sorte de dédoublement de personnalité qui donne l’occasion au dessinateur de proposer quelques planches intéressantes coté composition.
Nous en sommes au second volet - sur cinq- de la série, qu’Urban sort au rythme d’un par mois et l’avenir proche nous dira si le fond est au niveau de la forme.
LA MUSIQUE:
C'est quoi : IN THE EARTH
C'est de qui ?C. Mansell
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si le nom de Mansell est intimement lié à celui du réal Daren Aronofski, dont il a mis en musique tous les longs (sauf un), le compositeur a entamé depuis 2015 une collaboration étroite avec Ben Wheatley pour qui il a composé les B.O d’une dystopie, d’une comédie, d’un remake de Hitchcock et, last but not least du film d’horreur d’aujourd’hui.
Le genre n’est pas inconnu à Mansell qui y a officié une poignée de fois mais ici la musique est particulièrement importante dans le fait que le film a été pensé quasiment autour d’elle.
Mansell écrit des pistes diégétiques et non diégétiques, avec un dépouillement d’ensemble assez marqué et peu d’arrangements ou de post prod.
Revenant à une musique électronique dénué d’interprétation par des instruments classiques, il joue sur les atmosphères crées par des nappes hypnotiques très 80’s parfois zébrées d’effets old school flippants.
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Conseils d'écoutes musicales pour Bandes Dessinées
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"...ces illustrations sonores. On apprend toujours quelque chose avec elles. Y compris sur des œuvres qu'on a soi-même écrites." Serge Lehman. (La Brigade Chimérique, Metropolis, L'Homme Truqué)