LA BD:
C'est quoi ? KOSMOS
C'est de qui ? Bedouel & Perna
La Couv':
C’est édité chez qui ? Delcourt
Déjà croisés sur le site? Oui, ensemble même.
Une planche:
Ca donne Quoi ? En pleine Guerre Froide, alors que les Etats Unis sont persuadés d’avoir mis un coup décisif au bloc de l’Est en envoyant le premier homme sur la lune, qu’elle n’est pas la stupéfaction de Neil Armstrong quand, une fois sur place, il réalise que les soviétiques les ont devancé.
Passé la surprise, l’astronaute découvre que son homologue russe est…une femme, et qu’elle git inconsciente sur le sol lunaire à quelques mètres de son lieu d’alunissage.
Kosmos nous raconte, en flashback, la destinée hors du commun de cette jeune femme russe qui fut la première à mettre le pied sur l’astre lunaire, auteure de la phrase célèbre attribuée ensuite à Armstrong, qui n’hésitera pas à sacrifier sa vie pour la grandeur de l’URSS… sauf que tout ceci est bien évidemment faux !
Pat Perna, utilisant avec brio le fléau actuel des fake news et autres manipulations de masse par les médias, propose une uchronie saisissante, fort documentée, ce qui la rend d’autant plus crédible dans l’absolu. Cerise sur le gâteau, sur ce contexte géopolitique manipulé, il dresse des portraits de protagonistes convainquant
Son compère Fabien Bedouel fait à nouveau montre de son talent graphique dans des décors spatiaux dépouillés où gravitent des fusées au réalisme poussé. Le choix audacieux du noir et blanc permet à l’artiste de réaliser certaines cases assez impressionnantes où sa maitrise des masses d’ombres et de lumière fait mouche.
Il rend encore plus stressant ce thriller politico-spatial réalisant une sorte de huis clos aussi anxiogène sur le fond que sur la forme.
LA MUSIQUE:
C'est quoi :HORROR VACUI
C'est de qui ? J. Greenwood
La Couv':
Déjà entendu chez B.O BD? Oui
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Si pour le fan de Radiohead basique, l’influence de Giorgy Ligeti sur Jonny Greenwood -gratteux du groupe anglais- n’est pas forcément évidente (encore faut-il que le fan en question connaisse Ligeti, certes), dans le travail de composition solo de Greenwood, et notamment sur ses B.O de films, la filiation saute déjà plus aux oreilles.
Sur cette pièce classique écrite il y a une paire d’année, le compositeur rend clairement hommage à son homologue austro-hongrois, explorateur éclairé du sérialisme, du dodécaphonisme, ou encore, de la musique sérielle.
Lui aussi défriche le peu de domaines encore laissés vacant en musique en imaginant comment rendre par les instruments classiques des effets de réverb et d’échos crées électroniquement.
Les aspérités et les dissonances des 68 cordes utilisées ici rendent l’ensemble souvent angoissant (on pense entre autres aux pièces de Ligeti utilisées par Kubrick dans Shining ou 2001) et font de cette pièce une œuvre qui abat les barrières entre classique et électronique, entre musique de film imaginaire ou de …BD uchronique !
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Une Chronique de Fab