LA BD:
C'est quoi ? CINQ BRANCHES DE COTON NOIR
C'est de qui ? Cuzor & Sente
La Couv':
Déjà croisé dans le coin? Oui pour Sente, il y a peu, déjà chez Dupuis.
C’est édité chez qui ? Dupuis
Une planche:
Ca donne Quoi ? Durant la Seconde Guerre Mondiale, aux Etats-Unis, une jeune étudiante noire découvre le journal d’Angela Brown, son aieule où celle ci relate un fait surprenant.
En 1776, Georges Washington demande à Betty Ross de coudre le premier drapeau des futurs Etats-Unis. Sous l’une des étoiles blanches qui l’orne, Angela, domestique de Betty Ross, dissimule une étoile noire, représentant son peuple. Ce drapeau sera pris par l’ennemi (par un mercenaire prussien plus exactement) lors de la première bataille.
Consciente de l’impact que pourrait avoir ce fait s’il s’avérait réel, notre étudiante en parle à un de ses professeurs et, de fil en aiguille, une équipe de soldats noirs américains basés en Grande Bretagne (dont le frère de notre héroïne) va être envoyé dans l’Europe occupée afin de retrouver la relique.
Mélangeant les époques et récits avec brio, Yves Sente livre là un scénario dense et prenant, où il fait s’entrechoquer la petite et la grande histoire, proposant une grande aventure de guerre à l’ancienne où sont omniprésentes de grandes thématiques comme le racisme, le besoin de reconnaissance, l’horreur du conflit…
Au dessin de ce pavé de presque 180 pages que l’éditeur a eu la bonne idée de proposer sous la forme d’un album complet plutôt que découpé en tomes séparés (ce qui aurait été justifié au vu du contenu mais aurait effectivement moins bien fonctionné à mon sens également), Steve Cuzor démontre s’il était besoin qu’il a sa place dans la cour des grands du dessin réaliste franco-belge.
Ses protagonistes respirent le vivant, ses décors sont détaillés et le découpage et la narration sont tout bonnement dignes des meilleurs récits de genre.
Les plus fortunés d’entre nous pourront se rabattre (si tant est qu’il en reste) sur une version en noir et blanc de l’album mais je trouve que les choix de colo (assurée par la compagne du dessinateur), avec des alternance de monochromie et de bichromie, rajoute un vrai plus au trait de Cuzor sans l’étouffer pour autant, loin de là.
Allez si il fallait trouver un petit bémol –très personnel cela dit, je sais que d’aucuns affectionnent la pratique- je dirais que je regrette un peu le choix de personnifier certains protagonistes avec des têtes d’acteurs connus, de générations bien différentes en plus, fussent-ils aussi bons que Robert Ryan, Forest Withaker, Sammy Davis Jr, Denzel Washington, Jeanne Moreau ou encore Michel Simon !
Nonobstant ce détail n’entame en rien la plaisir de la lecture de ce très bon album qui marque comme il se doit les 30 ans de la collection Aire Libre, déjà riche de pas mal de pépites !
LA MUSIQUE:
C'est quoi : THE SILENT ENEMY
C'est de qui ? W. Alwynn
La Couv':
Déjà entendu sur B.O BD ? Oui à quelques reprises.
On peut écouter ?
Ca donne Quoi ? Alors certes c’est une B.O de film de guerre et, comme vous l’aurez compris de par le résumé de la BD, cette dernière ne se limite pas au genre, loin de là.
Néanmoins, The Silent Ennemy, et surtout sa musique, nous viennent de Grande Bretagne, de la fin des années 50.
William Alwynn, de par sa formation initiale, ne limite jamais ses partitions à la seule illustration d’un scénario ; ses embellissements thématiques et autre fioritures, directement inspirés du répertoire classique, apportent une vraie variété aux B.O dont il est en charge.
Ainsi, si les pistes dédiées aux scènes d’action (où l’on voit de courageux et hautement improbables plongeurs militaires saboter des sous-marins) sont effectivement d’une nature hautement héroïque –et sont tout à fait à leur place sur les scènes de la seconde partie de Cinq Branches où nos héros se frottent aux chars allemands- le reste du score est assez riche et varié pour coller à quasiment toutes les ambiances et époques abordées dans l’album.
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Une Chronique de Fab