LA BD:
C'est quoi : KARMA CITY.
C'est de qui : Gabrion.
La Couv':
Déjà croisé chez nous ? Non
C’est édité par ? Dupuis
Une planche:
Ca donne Quoi ? J’évoquais encore il y a peu avec Lio la difficulté de choisir les B.O pour certains albums.
Karma City, malgré ses apparences évidentes, fait partie de ceux ci. Pourquoi me demanderez-vous ? Car sous sa couverture au look clairement SF, ce généreux premier tome s’apparente rapidement plus à un récit noir d’enquête qu’à de l’anticipation pure.
Alors attention, nous sommes bien dans un monde post-apocalyptique, avec une société quelque peu futuriste dirigée par le respect du « karma » de ses habitants, sorte de baromètre indiquant et garantissant le bon fonctionnement du système. La mégapole surpeuplée (notamment de véhicules assez similaires à ceux d’aujourd’hui) est entourée d’un no man’s land désertique, habité essentiellement par des travailleurs ou des personnes dont le karma n’est pas assez élevé pour l‘harmonie de la société.
Néanmoins, pour le reste, cette série d’abord parue en ligne (et en pré-publication dans Spirou) dont on peut d’ailleurs lire les premiers épisodes sur le site dédié, m’a beaucoup plus fait penser à du polar.
Les principaux protagonistes sont d’ailleurs un trio de flics bien campés même si un peu traditionnels (le vieux briscard monolithique, la jeune recrue fraichement sortie de l’académie, l’équipier déconneur), amenés à enquêter sur un accident de la route qui va vite se révéler avoir des ramifications importantes avec une suite de morts suspectes reliées au karma.
L’épilogue de ce premier volet dévoile les origines de la cité et promet une suite probablement plus axée sur l’aspect science fiction de la série.
La grande force de Karma City, outre un univers maîtrisé, c’est sans conteste sa partie graphique et narrative, proche du comics, que ce soit dans son style artistique, son découpage ou ses cadrages, qui n’est d’ailleurs pas sans faire penser par moments au regretté Darwyn Cooke.
Pierre-Yves Gabrion, absent du paysage franco-belge depuis pas mal d’années, revient en force avec une œuvre aboutie et à part qui sait bien jouer de codes pourtant éculés et en tirer une vraie personnalité.
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? EX-MACHINA
C'est de Qui ? Barrow & Salisbury
La couv'
Déjà vu chez nous ? Oui et non.
On peut écouter ?
Ça donne quoi? : Si j’ai donc rapidement réalisé que je n’étais pas en train de lire de la SF au sens où je l’entends traditionnellement, je suis néanmoins resté sur mon choix premier et la B.O du film d’Alex Garland sur les dangers de l’Intelligence Artificielle, choisi plus sur le nom de ses auteurs que sur le film lui même.
En effet, les amateurs de musique électro auront reconnu dans Geoff Barrow le producteur de Portishead, responsable du son et –en grande partie- du succès du groupe. Il retrouve Ben Salisbury avec lequel il s’était amusé à écrire une B.O pour un film imaginaire sur Judge Dredd (le personnage de comics pas la version foireuse avec Stallone) et ensemble ils composent un patchwork de sonorités atmosphériques et rythmiques, explorant diverses ambiances selon les instruments utilisés, qui vont de vieilles choses vintages aux derniers effets en date.
L’ensemble est essentiellement flippant, les quelques passages nostalgiques n’égayant pas une noirceur manifeste mais bien menée, aussi conceptuelle qu’aboutie.
Une fois encore Ex-Machina est une B.O de son époque, pas sur qu’elle passe bien l’épreuve du temps, mais elle est cela dit fort intéressante sur ce Karma City hybride.
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Une chronique de Fab