Les oeuvres de fiction préhistorique nous en apprennent par définition davantage sur la société, la mentalité et l'imaginaire des artistes qui les ont élaborées depuis le milieu du 19e siècle, que sur nos lointains ancêtres. Quoiqu'on en pense, ces oeuvres nourrissent également la représentation - pour ne pas dire le fantasme* - que nous nous faisons de cette époque d'autant plus fascinante qu'elle restera sans doute à jamais nimbée du profond mystère qui génère les mythes.
La bande dessinée n'est bien sûr pas en reste, qui a compris très tôt le potentiel visuel et scénaristique de la thématique préhistorique et des multiples approches qu'elle permet depuis les séries humoristiques comme Unrhunden (1900) du Suédois Oskar Andersen ou Alley Oop (1932) de l'Américain V.T. Hamlin, jusqu'aux aventures scientifiquement plausibles comme Vo'Houna (2002-2005) d'Emmanuel Roudier, en passant par les incontournables sagas pseudo-réalistes telles que Rahan d'André Chéret ou Tounga d'Edouard Aidans.
C'est cette "préhistoire rêvée" que BOBD se propose de vous faire visiter ce week-end, en commençant avec l'adaptation d'un conte de Kipling qui se déroule au temps où l'Homme était aussi sauvage que les autres animaux... mais pas autant que le chat !
* Celui du blond aryen qui, vêtu d'une simple peau de bête, affronte jusqu'à des dinosaures disparus plusieurs dizaines de millions d'années avant lui, en tenant dans une main sa fidèle massue et dans l'autre la tignasse de sa non moins fidèle compagne !
LA BD :
C'est quoi : LE CHAT QUI S'EN VA TOUT SEUL
C'est de qui ? Yann Dégruel d'après Rudyard Kipling
La Couv':
Déjà croisé sur le site? Non
C’est édité chez qui ? Delcourt Jeunesse
Une planche:
Ca donne Quoi ? Adapter en BD cette Histoire comme çà de Rudyard Kipling est un défi parce que chaque personne qui l'a lue ou entendue s'est fait sa propre image de cette préhistoire fantasmatique où la Femme est, une fois de plus, un peu sorcière.
Voici un résumé rapide pour ceux qui ont encore à découvrir ce superbe recueil d'histoires : au temps où les bêtes domestiques étaient encore sauvages, la Femme utilisa des sorts pour les domestiquer. Chien Sauvage a vendu sa liberté contre des os de mouton rôti à condition d'accompagner l'Homme à la chasse. Cheval Sauvage et Vache Sauvage ont vendu leur liberté pour du foin en échange de se laisser chevaucher pour le premier et de donner son lait frais pour la seconde. À chaque fois, "le chat qui s'en va tout seul" les a suivis et il est reparti.
Mais quand la Femme a mis du bon lait frais à tiédir près du feu, il essaie d'entrer dans la caverne. Il passe un marché avec la Femme : si elle le complimente 3 fois, il pourra entrer dans la caverne près du feu et boire du lait. Bien sûr, c'est ce qui va arriver… mais le chat n'a pas passé de pacte avec l'Homme ou le Chien.
Yann Dégruel a merveilleusement illustré ce joli conte avec une femme belle et sage, un chat très expressif aux mouvements d’yeux, d’oreilles et moustaches particulièrement drôles. Cette histoire pour enfants est aussi un enchantement pour les grands et ce n'est pas parce que la Femme est une sorcière!
LA MUSIQUE
C'est Quoi ? THE PINK PANTHER
C'est de Qui Henry Mancini
La couv'
Déjà entendu chez nous? Oui plus d'une fois
On peut écouter?
Ca donne Quoi ? Est-il encore besoin d'évoquer ce générique de film tellement fabuleux que le personnage de Pinky en est sorti pour avoir sa propre série de dessins animés ?
Mancini a créé ici un tube mondial qui a été abandonné repris ou copié. Le jazz et la musique descriptive (Carnaval des animaux et consorts) semblent l'avoir inspiré et guidé pour cette marche sautillante et espiègle.
Quiconque entend les premières notes de ce morceau qui imite à merveille l'avancée furtive d'un félin en maraude (ou d'un monte-en-l'air) retombe immédiatement en enfance et sourit en pensant soit aux films (enfin les 2 premiers selon moi) soit à la série de dessins animés. De quoi accompagner les tribulations du Chat qui s'en va tout seul !
C'est toujours très efficace comme le prouve une anecdote que j'ai vécu à l'opéra de Paris : j'assistais à une représentation du Barbier de Séville de Rossini, opéra bouffe déjà très drôle par son sujet. Lors d'une des parties de récitatif avec accompagnement de clavecin, le claveciniste a joué ce morceau pour accompagner l'arrivée discrète de Don Basilio et pour le plus grand plaisir de l'assistance qui a éclaté de rire… C'est suffisamment rare à l'opéra pour le souligner !
----------------------------
Une chronique de Gen