A lire précédemment dans le cycle "Blade Runner Blues" : Do Androids Dream of Electric Sheep ?, l'adaptation en comics du roman de Philip K. Dick, par Tony Parker.
Amatrice des romans et surtout des nouvelles de Dick, j'étais un peu inquiète quand j'ai commencé la lecture de ce diptyque. Il a suffi d'un chapitre pour me convaincre de son excellence.
Nous y découvrons Charlie Victor, un chasseur de primes (on ne parle pas de "Blade Runner" dans l'univers de Dick), associé au "spécial"* Malcolm Reed pour retrouver la trace d'un groupe en fuite d'androïdes-combattants. Quelques générations avant les Nexus-6 d'Eldon Rosen, les meilleurs androïdes étaient les modèles CV de Grozzi.
Malcolm Reed a été classé comme "spécial" lorsque le trouble mental de la schizophrénie qui lui avait été diagnostiqué s'est révélé infondé… Son problème réside dans le fait que, s'il n'est pas abruti par des médicaments, il ressent les émotions de toutes les personnes qui croisent son chemin. Ce qui a un peu tendance à le miner.
Ca y est, vous avez compris : lorsqu'on le prive de ses médicaments, Malcolm devient un détecteur ambulant d'androïdes. Vision des sentiments = cible humaine. Absence de sentiments = cible synthétique !
[Alerte spoiler !]
Les auteurs ont choisi de se démarquer de la trame du roman original de Philip K. Dick en sortant du schéma linéaire : une rencontre avec un androïde donne lieu à un élimination. Ce serait trop simple. Dans leur histoire, le groupe rebelle enlève le spécial qui trouve une grande quiétude à être entouré d'individus dépourvus de sentiments et redécouvre le bonheur de pouvoir réfléchir sans être anesthésié par les médicaments. De son côté, Charlie Victor se révèle être un CV de Grozzi, au fonctionnement radicalement opposé à celui des fugitifs qu'il pourchasse. Bien programmé pour sa mission, il ira jusqu'à se faire exploser au milieu d'eux pour les éradiquer en une seule fois !
[Fin de l'alerte spoiler !]
Un autre intérêt de ces albums est de présenter les débuts du mercérisme* et des boites d'empathie* à travers notamment le personnage de Samantha Wu, une chercheuse en biologie qui suit Charlie Victor dans sa traque et passera du clan des "moqueurs" à celui des adeptes…
* pour en savoir plus sur les "spéciaux" et, de manière générale, sur l'univers décrit par Philip K. Dick dans son roman, nous vous invitons à lire la chronique de La Conurb qui lui est consacrée.
Ca donne Quoi ? Les étranges enfants nés à Midwich, neuf mois après un incident ayant coupé le village du reste du monde, ne valent pas mieux que les androïdes CV de Grozzi : incapables d'empathie, froids et glaciaux, assassins et disposant de pouvoirs hors normes… Mais, dans les deux cas, un individu se sacrifiera pour détruire la menace qu'ils représentent. De quoi choisir la bande-son de ce film pour accompagner la BD.
John Carpenter a composé la musique de la presque totalité de ses films, bien qu'incapable d'écrire les partitions… Le réalisateur joue d'instinct ce qu'il ressent et veut faire ressentir. Pour ce film, remake d'un classique de l'épouvante britannique réalisé en 1960 par Wolf Rilla, il a collaboré avec Dave Davies, membre du groupe de rock The Kinks. Il est difficile de savoir qui a fait quoi dans cette bande son glaciale qui participe pour beaucoup à l'ambiance du film.
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Une chronique de Gen