Présenté comme un journal thématique, dont le fil rouge ne crève pas forcément les yeux, ce recueil rassemble plus d'une vingtaine d’œuvres qui vont des histoires courtes, publiées dans les pages de Spirou, Pilote, Ferraille ou encore Spoutnik, aux illustrations et esquisses d'affiches acceptées ou refusées par leurs commanditaires. En marge de sa série-phare, Les Épatantes aventures de Jules, et de ses diverses collaborations artistiques, ce florilège permet de découvrir les nombreuses facettes du talent d'Emile Bravo. Récits sans parole, pastiches de Gaston Lagaffe ou de Blake & Mortimer, satires politiques mordantes… quatorze années de productions (1999-2013) défilent ainsi sous nos yeux, comme autant d'expérimentations sur les possibilités narratives et graphiques offertes par la ligne-claire. Comme souvent dans les « compilations », les morceaux sélectionnés ne sont pas tous d'un intérêt égal, mais l'auteur est suffisamment doué pour réussir à accrocher le lecteur du début à la fin. Pour filer la métaphore musicale, on pourrait dire que si Le journal d'un ingénu, récemment chroniqué sur BOBD, était le Nevermind d'Emile Bravo, alors Le Jardin constituerait son Incesticide. Un assemblage un peu foutraque, mais tellement généreux en bonnes idées, qu'il nous ouvre tout de même les portes du Nirvana !
Film sympathique des 80's tombé dans l'oubli (il n'a même pas droit à son article en français sur Wikipédia !), comme une partie de son casting d'ailleurs - Michael Paré, Ellen Barkin, Tom Berenger - qui a eu bien du mal à négocier le virage du nouveau millénaire, Eddie & The Cruisers retrace le parcours chaotique d'un groupe de rock fictif dont le leader est obsédé par l'idée de composer un concept-album basé sur Une Saison en Enfer de Rimbaud. Pour écrire la musique, le producteur Kenny Vance fit appel à John Cafferty, chanteur-guitariste à qui le succès de ses premiers singles ne permettait pas de signer auprès d'un gros label, en raison d'une ressemblance un peu trop évidente entre son style et celui d'un certain Bruce Springsteen. Quoi qu'il en soit, et même si l'influence du Boss se fait clairement sentir (jusque dans le titre de son morceau le plus célèbre « On The Dark Side »), la BO de Cafferty apporte tout ce qu'il faut de punch pour accompagner la lecture d'un recueil aux situations et au dialogues furieusement rock'n'roll.