Quand un auteur à part entière se met au western ça donne quoi? Réponse en musique:
idée avait de quoi séduire : le futur dessinateur et co-scénariste du génial Quai d'Orsay propose une série qui mêle western et atermoiements sentimentaux de cowboys trentenaires. Malheureusement dans les faits, le résultat n'est pas vraiment probant. L'aspect « western » est pourtant réussit et convoque habilement toute l'imagerie du genre (attaques de trains, parties de poker, saloons enfumés, aventurières en guêpières, gunfights, paysages désertiques…). Le dessin de Christophe Blain se prête très bien à l'exercice et évoque souvent, par son trait nerveux et dépouillé, celui des vieux strips publiés dans les journaux américains. Ce format en trois ou quatre cases, qui s'appuie sur des échanges de dialogues incisifs et des chutes percutantes, aurait peut-être mieux convenu à la BD. En étirant ses histoires sur huit à dix pages Blain peine à trouver, dans son écriture, le souffle nécessaire pour tenir le lecteur en haleine. Les répliques, qui devraient fuser comme des balles hors d'un colt 45, font souvent « long feu » et Gus, dans son ensemble, manque cruellement de rythme. Conséquence de tout cela, la BD ne parvient jamais à trouver un réel équilibre entre les deux concepts qui la sous-tendent, au point de se demander par moment où l'auteur veut nous emmener. Dommage. Il faudrait maintenant lire les deux tomes suivants pour voir si l'auteur rectifie le tir ou si c'est tout simplement moi qui ne prends pas à ce genre mayonnaise.
Ca donne quoi ? A BD de western décalée, BO de western décalée… Après Spaceballs, parodie de Star Wars (et de films de SF en général) dont il avait composé la musique, nous retrouvons John Morris, toujours au service de Mel Brooks et toujours pour les besoins d'une parodie. Sorti en 1974, Le Shérif est en prison (Blazzing Saddles en vo) fait partie de la série des « grands détournements » de genres cinématographiques orchestrés par le réalisateur de Frankenstein Jr. avant qu'il ne se fasse détrôner sur son propre terrain par les films des ZAZ (les « Y a-t-il… un pilote/un flic... », les deux Hot Shots, mais surtout Top Secret !, avec Val Kilmer, qui reste encore aujourd'hui un monument d'humour absurde). Le principe est toujours plus ou moins le même, conserver le cadre du genre parodié, ici le western, pour lui rendre hommage et greffer dessus des scènes comiques passablement décalées. Morris conserve cet esprit dans la composition de sa musique, puisqu'il reprend l'idée, très en vogue dans les westerns des années 50-60, de la chanson qui accompagne le générique de début ou de fin, en y injectant une succession de thèmes qui n'ont rien à voir avec l'ensemble (on entend même, à un moment, l'air des Looney Tunes !). Tout ça nous donne une BO bien barrée qui apportera, peut-être, à la lecture de Gus un peu de l'humour qui lui fait défaut.
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Une Chronique par Lio